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Décès du professeur Pierre Jaubert, membre résidant

DÉCÈS DU PROFESSEUR PIERRE JAUBERT

 

Le professeur Pierre Jaubert, membre résidant de l’Académie depuis 25 ans, est décédé le 30 décembre 2015. Lors de la séance de rentrée de l’Académie, le jeudi 7 janvier 2016, le Secrétaire perpétuel lui a rendu hommage en rappelant les grandes lignes d’une carrière très riche et d’une vie bien remplie, puis le Président a fait observer une minute de silence à sa mémoire.


Allocution d’hommage du Secrétaire perpétuel :

Notre confrère Pierre Jaubert nous a quittés le 30 décembre.

Il avait été élu à l’Académie en 1990, au fauteuil de Jacques Paul et reçu le 20 juin 1991 par le recteur Renaud Paulian.

Né le 6 novembre 1920 à Paris, Pierre Jaubert avait suivi des études de droit à Bordeaux, avant de présenter sa thèse de doctorat en 1948 et d’être reçu à l’agrégation en 1951. Sa thèse de doctorat Le chapitre cathédral métropolitain et primatial de Saint-André de Bordeaux du XIIᵉ au XVIIIᵉ siècle avait reçu de notre Académie le prix de la ville de Bordeaux en 1950.
Il a été durant toute sa carrière un très grand spécialiste de l’histoire du droit, en particulier du droit romain. Chargé de cours à l’Ecole du droit de Dakar, puis maître de conférences à la faculté d’Aix-en-Provence, Pierre Jaubert rejoint la faculté de droit de Bordeaux en 1955, devient titulaire de la chaire de droit romain en 1959 et enseigne jusqu’à sa retraite en 1989.

Au-delà de son enseignement magistral et de ses conférences, il suivait avec attention ses étudiants : il a ainsi dirigé une vingtaine de thèses et plus de soixante-cinq rapports de recherches. Il a toujours consacré du temps à ses propres recherches sur le droit romain, le droit du Moyen-âge et de l’Ancien régime. Parmi ses travaux, deux méritent d’être cités :

–    une minutieuse étude sur Montesquieu et le droit romain, qui analysait les sources romaines dans lesquelles Montesquieu avait puisé son information juridique ;
–    l’analyse du Code noir, de 1685, par lequel Colbert réglait les relations entre maîtres, esclaves et affranchis dans les colonies d’Amérique, étude faisant apparaître que ce Code était pour une large part une transposition du droit romain.

Pierre Jaubert a aussi assumé des responsabilités importantes tout au long de sa carrière universitaire : président de la Faculté de droit de 1971 à 1977, vice-président de l’Université de Bordeaux I, président des concours d’agrégation et membre du Conseil consultatif des universités puis du Conseil supérieur des universités. Renaud Paulian, ancien recteur, faisait remarquer dans son discours d’accueil de Pierre Jaubert dans notre compagnie, que celui-ci avait toujours été soucieux, dans ses fonctions, d’efficacité et d’harmonie et que jamais un jugement cruel ou une phrase désobligeante n’étaient venus blesser un collègue ou faire souffrir un étudiant.

Son grand souci de l’aspect social des questions, avait conduit Pierre Jaubert à faire fonder par la ville de Périgueux en 1969 un Institut d’études juridiques rattaché à la faculté de droit de Bordeaux, Institut dont il a assumé la direction dès sa fondation et jusqu’en 1990, soit pendant plus de 20 ans. L’objectif de cet Institut était d’offrir à des étudiants de Périgueux et de la région les meilleures conditions possibles pour leurs débuts en études supérieures, pour le passage du lycée à l’université, avec la proximité des familles, des effectifs limités, tout en faisant appel aux personnalités de la région pour assurer un enseignement de qualité, magistrats, avocats, hauts fonctionnaires, dirigeants d’entreprises Le succès a été total avec des résultats excellents et indéniables. Pierre Jaubert a toujours résisté par la suite à la tentation d’ouvrir au-delà du premier cycle cet Institut, restant fidèle en cela à la vocation qu’il lui avait fixée. En 1990, au moment où Pierre Jaubert prenait sa retraite, l’Institut comptait 600 étudiants abordant dans les meilleures conditions de motivation, de maturité et de réussite le second cycle bordelais. Cet institut, motif de fierté des édiles de Périgueux, était ainsi un véritable modèle de ce qui pouvait être fait au moment où les universités connaissaient une croissance sans égale, mais non sans difficultés d’organisation, de personnel et d’effectifs dans les cours.
Pierre Jaubert a également été président pendant dix années de l’Association des historiens des facultés de droit.
Après sa retraite, il donnait de son temps à l’Université du temps libre où ses conférences étaient particulièrement appréciées par un public toujours nombreux.

Tout au long de ses 25 années au sein de notre Compagnie, il a été un membre très actif, apprécié de toutes ses consœurs et confrères par ses connaissances, ses compétences, ses avis éclairés et sa sagesse. Chaque année, Pierre Jaubert présentait une communication, au total 23 communications, sur des sujets les plus divers : l’usage du latin, l’histoire d’institutions ou de personnalités de Bordeaux, la période de la Révolution française ou encore des thèmes de société. Président de l’Académie en 1997, Pierre Jaubert en a ensuite été le trésorier attentif et rigoureux jusqu’en 2012. Très attaché à notre compagnie, je crois pouvoir affirmer que l’Académie était devenue pour lui une deuxième famille, d’autant que peu de temps avant qu’il n’y soit reçu, la disparition de son épouse l’avait très cruellement affecté.

Pierre Jaubert était chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’Ordre national du Mérite, commandeur des Palmes académiques. Samedi, pendant ses obsèques, nous serons tous très émus en rendant hommage à un confrère unanimement apprécié et qui laisse un grand souvenir.

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