PRIX 2015 DE L’ACADÉMIE
Les prix de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux pour l’année 2015 ont été remis aux lauréats lors de la séance de fin d’année le jeudi 17 décembre 2015.
Sur proposition de la Commission des prix présidée par Henri de Grandmaison, vingt-quatre prix ont été attribués : le Grand prix de l’Académie, le prix de l’Office du tourisme, le prix de la Fondation du patrimoine, le prix des Beaux-arts, treize prix institués par des anciens membres de l’Académie, six prix spéciaux et un prix « découverte ».
C’est l’amiral Alain Béreau, Secrétaire perpétuel, qui a proclamé les résultats et appelé les différents lauréats à recevoir leur prix au cours d’une séance à laquelle un nombreux public a assisté.
GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE
Le Grand prix 2015 de l’Académie a été attribué au professeur Yves-Marie Bercé pour l’ensemble de son œuvre.
Aujourd’hui un des plus grands historiens français, un des plus connus à l’étranger, Yves-Marie Bercé est fortement lié à Bordeaux et aux bordelais. Né en 1936 à Mesterrieux, près de La Réole, il n’a cessé de fréquenter notre ville où a vécu sa mère et où vit une partie de sa famille. Ses travaux ont été consacrés pour une large part au Sud-ouest, citons par exemple La vie quotidienne dans l’Aquitaine au XVIIᵉ siècle.
Elève de l’Ecole des Chartes, passé par l’Ecole française de Rome, il a enseigné dans les universités de Limoges, de Reims et de Paris-Sorbonne. De 1992 à 2001 il a dirigé l’Ecole des Chartes. Depuis 2007, il est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
Historien des comportements et des mentalités, Yves-Marie Bercé est d’abord le grand historien des révoltes populaires dans l’Europe préindustrielle. Sa thèse de doctorat, Histoire des Croquants : étude des soulèvements populaires au XVIIᵉ siècle dans le Sud-Ouest de la France, reste une référence. Elle a été suivie par des ouvrages de synthèse, notamment Révoltes et révolutions dans l’Europe moderne. Yves-Marie Bercé a publié en 2013 Les autres Vendées : les contre-révolutions paysannes au XIXᵉ siècle. Un de ses ouvrages les plus remarquables est sans aucun doute la synthèse parue dans la collection de La nouvelle histoire de France intitulée La naissance dramatique de l’absolutisme.
Citons aussi Complots et conjurations dans l’Europe moderne ainsi que Les procès politiques, ces deux publications à l’Ecole française de Rome. Parmi ses nombreuses études, on peut relever A la découverte des trésors cachés, du XVIᵉ siècle à nos jours, La dernière chance : le temps des suppliques et Le chaudron et la lancette : croyance populaire et médecine préventive, précieuse étude sur la mise en place de la vaccination antivariolique.
L’œuvre et la renommée du professeur Yves-Marie Bercé, historien très fécond – 200 ouvrages et articles – qui a obtenu en 1977 le grand prix Gobert de l’Académie française, méritaient la reconnaissance de l’Académie en lui décernant le Grand prix de l’Académie pour cette année 2015.
PRIX D’HISTOIRE CHARLES ET ARLETTE HIGOUNET
Ce prix a été remis à monsieur Julien Bellarbre pour sa thèse Composer avec le passé : historiographie monastique, conscience identitaire et réseaux en Aquitaine, des temps carolingiens au XIIᵉ siècle.
La thèse de Julien Bellarbre est un travail considérable : deux tomes totalisant 1205 pages, dont un millier de texte, 90 consacrées aux sources et à la bibliographie, 30 pages d’annexes auxquelles il faut ajouter deux précieux index des lieux et des personnes.
L’auteur a suivi le travail de moines historiens, à travers principalement quatre œuvres marquantes de l’Aquitaine entre le VIIIᵉ et le XIIᵉ siècles : la Chronique de Moissac, la Chronique d’Aniane, la Chronique d’Adhémar de Chabannes et la Chronique de Saint-Maixent. Il a soumis ce corpus à une analyse rigoureuse pour rechercher les sources de ces œuvres historiques et les traces de leur circulation. En se plaçant sur l’aire géographique de l’Aquitaine, Julien Bellarbre a aussi conduit une réflexion sur l’existence d’une identité culturelle aquitaine dans cette historiographie monastique du Haut Moyen-âge.
Ce prix est doté par la Fondation Charles et Arlette Higounet
PRIX DES BEAUX-ARTS
L’Académie a souhaité honorer par le prix des Beaux-arts, monsieur Paul Daniel qui dirige depuis 2013 l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine.
L’arrivée d’un nouveau directeur musical de la formation bordelaise, au moment où notre ville se dotait d’un auditorium d’une rare qualité acoustique, a apporté à l’orchestre de Bordeaux Aquitaine, un nouvel élan, unanimement salué par la presse spécialisée. Sous la baguette de Paul Daniel, après le premier opéra qu’il a dirigé à Bordeaux, La Bohême, retransmis en direct dans plus de 70 salles en France, une ère prometteuse s’est ouverte pour l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine qui s’est couronné de gloire aux Chorégies d’Orange et qui accède au niveau international avec de remarquables interprétations comme celle de la 5ème symphonie de Mahler. L’autorité souriante de Paul Daniel, sa précision absolue, son économie de gestes amples et précis, ont conquis l’adhésion des musiciens de la formation et enthousiasmé le public. Il est aussi très attaché à certains objectifs tels que la démocratisation culturelle, l’éducation musicale, l’élargissement des publics…
Déjà fort d’une riche carrière, Paul Daniel a dirigé les orchestres les plus prestigieux à travers le monde, Londres, New York, Los Angeles, Paris, Vienne. Auteur d’une abondante discographie, Paul Daniel est ainsi justement honoré par l’Académie de Bordeaux, et à travers lui, c’est aussi tout l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine qui est aussi distingué.
PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME
Ce prix a récompensé madame Florence Barutel pour son ouvrage sur les musées de Bordeaux Au fil de l’histoire des musées de Bordeaux. Des premiers antiques au Musée d’Aquitaine aux éditions de l’Entre-deux-Mers.
Titulaire d’un mastère en métiers du patrimoine monumental et mobilier, passionnée depuis longtemps par le monde des musées, madame Barutel, après avoir participé à l’inventaire des collections du musée d’Aquitaine, a mené une recherche sur l’histoire des musées bordelais.
De la création du premier museum à celle des musées contemporains, le chemin a été long et souvent tortueux, le lecteur suit le fil de cette passionnante histoire, du XVIIIᵉ siècle à l’installation du musée d’Aquitaine, cours Pasteur, en 1987. Avec ce beau livre, nous partons à la découverte de musées oubliés et disparus, qui ont été des défenseurs du patrimoine local, ou encore d’objets emblématiques des collections de la Ville.
Ce prix est doté par l’Office du tourisme.
PRIX SPÉCIAL
Un prix spécial a récompensé le professeur Jean-Roger Soubiran pour son ouvrage Alex Lizal, peintre singulier du pays landais aux Editions Passiflore.
Jean-Roger Soubiran sort de l’oubli ce peintre landais singulier, Alex Lizal. Fils d’un pauvre journalier, il naquit à Dax en 1878. Après un passage par les écoles des beaux-arts de Bordeaux et de Paris, Alex Lizal se fait remarquer au Salon des artistes français de 1901, avec son ambitieuse toile Dans la lande. Il semble dès lors destiné à devenir le chantre officiel du pays landais. Mais il se laisse tenter par la bohême montmartroise, par les idées anarchistes, se lance dans la caricature et sombre dans la provocation. Il meurt en 1915, à 37 ans, à l’hôpital de Dax, miné par la misère, l’alcool et la tuberculose. Alex Lizal s’est souvent laissé emporter par les violences de l’expressionnisme aussi bien que par l’écriture naïve de l’imagerie populaire. L’ouvrage et les analyses du professeur Soubiran s’appuient sur une riche illustration qui confirme les qualités et les faiblesses d’un artiste qui semble avoir gaspillé un beau talent.
PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD
Le lauréat 2015 du prix du doyen Jean de Feytaud est monsieur Pierre Calléja, président-directeur général et fondateur de la Société Fermentalg.
Pierre Calléja, biologiste, crée en 2009 la Société Fermentalg, installée près de Libourne, et développe à partir de 2011 un programme pour l’exploitation industrielle des micro-algues. Il s’agit d’une entreprise innovante, spécialisée dans les biotechnologies. Les premières années ont été consacrées à la recherche en collectant les micro-organismes présents dans divers milieux, mers, rivières, marais, lacs, pour constituer une banque qui atteint désormais les 5000 souches. Fermentalg est présente dans plusieurs domaines, tels que la chimie verte ou la cosmétologie. De nombreux industriels ou encore le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables, sont associés aux recherches et aux programmes de la société Fermentalg.
PRIX CHASSIN-DUFOURG
C’est l’ouvrage de messieurs Jacques Résal et Pierre Allorand qui a été distingué : Lignes du front de l’arrière. Lettres du directeur de la Compagnie des tramways de Bordeaux à son fils artilleur 1914-1918 aux Presses universitaires de Bordeaux.
Alors que la mobilisation de l’été 1914 sépare les familles, la correspondance devient essentielle. Elle maintient ainsi les liens au sein de la famille Résal, entre le front où se battent ses quatre fils et Bordeaux. Après avoir construit le port de la Goulette près de Tunis et amélioré l’hygiène publique et la voirie à Lyon, le père, Eugène Resal, ingénieur des ponts et chaussées, dirige la Compagnie électrique des tramways-omnibus de Bordeaux depuis 1900. La correspondance échangée entre Eugène Résal et son fils aîné, artilleur, qui participe successivement aux combats de Charleroi, du Chemin des dames et de Verdun, parle de la famille, de la vie des civils, des blessés, des soldats coloniaux et des Américains à Bordeaux, mais aussi des décisions politiques et stratégiques. Ce recueil de lettres est un beau témoignage, très poignant, de la Grande guerre.
PRIX BRIVES-CAZES
L’ouvrage Estuaire de la Gironde : paysages et architectures viticoles, réalisé avec l’aide des régions Aquitaine et Poitou-Charentes, ainsi que du département de la Gironde, a reçu le prix Brives-Cazes. Les auteurs en sont monsieur Alain Beschi et madame Claire Steimer.
La qualité des travaux et des recherches d’Alain Beschi n’est plus à vanter : l’Académie l’a couronné à plusieurs reprises. Rédigé et mis en page par Claire Steimer et plusieurs autres collaborateurs, l’ouvrage présente le patrimoine de l’estuaire, de très nombreuses architectures viticoles, avec un nombre important de photographies, presque toutes en couleurs. Les commentaires sont brefs mais pertinents.
Ce n’est pas simplement un livre d’histoire de l’art et de l’architecture, c’est aussi une présentation approfondie des paysages viticoles de l’estuaire, avec un recours pertinent et heureux à des cartes ou à des documents anciens.
PRIX GUY LASSERRE
Monsieur Hubert Bonin a reçu ce prix Guy Lasserre avec son ouvrage De l’océan Indien aux Antilles, Faure Frères. Une dynastie de négociants et armateurs bordelais aux éditions Les Indes savantes.
Hubert Bonin, professeur et chercheur à l’Institut des Sciences Politiques de l’Université de Bordeaux, retrace l’histoire de la Maison de négoce Faure Frères. Fondée à Bordeaux en 1795, par trois frères protestants, originaires de Saintonge, l’entreprise a connu un remarquable essor grâce au dynamisme de quatre générations de la famille Faure. Ce sont d’abord des armateurs jusqu’en 1870, puis ils développèrent un négoce de denrées coloniales avec les Antilles et surtout avec les îles de l’océan Indien.
L’ouvrage d’Hubert Bonin ne se limite pas à l’histoire de l’entreprise commerciale, il consacre une place importante à l’histoire de la famille Faure. Il montre comment certains de ses membres sont devenus d’éminents présidents de la Chambre de commerce de Bordeaux, et comment ils se sont fort bien intégrés aux dynasties bordelaises.
PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE
Le lauréat de ce prix du marquis de La Grange est monsieur Jan Bonnemason, récompensant son ouvrage Itinerrance dans Bordeaux. A la découverte des vieilles pierres linguistiques de la cité gasconne aux éditions des Régionalismes.
Il s’agit de l’adaptation d’un travail universitaire réalisé par l’auteur. C’est aussi la suite d’un premier ouvrage Noms gascons des rues de Bordeaux. Avec Itinerrances, l’auteur poursuit cette logique, il propose des circuits à travers la ville, sur les traces du passé gascon. L’ouvrage s’attache moins aux noms proprement dits, qu’aux traits gascons qui ont marqué Bordeaux et qui sont encore visibles. Ces itinéraires serpentent dans la vieille ville, ils tracent ainsi une visite de Bordeaux par l’intermédiaire d’une langue oubliée.
PRIX SPÉCIAL
Un prix spécial distingue monsieur Gérard Fayolle pour son livre Le Périgord des Trente Glorieuses. Chronique du temps des changements aux éditions Fanlac.
L’auteur y retrace les métamorphoses du Périgord de 1945 à 1975 en observateur attentif de la mutation des villages comme des transformations de la ville de Périgueux. Il fait un tableau vivant, précis et exhaustif, d’une période qui n’avait encore jamais fait l’objet d’une telle présentation pour le Périgord. Séquelles de l’Occupation, guerres coloniales, fin d’une société essentiellement paysanne, développement économique spectaculaire, industrialisation et hausse du niveau de vie, découverte de la société de consommation, mise en valeur du patrimoine et essor du tourisme : le vieux Périgord fait place à un monde nouveau. Les modes de vie, de travail et de production, les loisirs et même les paysages se modifient. Mais après trente années d’expansion, survient la crise avec l’aggravation d’un mal jusque-là inconnu, le chômage. C’est la fin d’une période très riche et d’une parenthèse presque enchantée pour le Périgord, parfaitement retracée et étudiée par cet ouvrage de Gérard Fayolle.
PRIX EDMOND BASTIDE
Monsieur Jean-Patrick Loiseau a reçu ce prix pour sa thèse François Bordes (1919-1981) et la construction de la Préhistoire dans la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Cette thèse de doctorat en épistémologie et histoire des sciences est consacrée à l’étude de l’œuvre scientifique du préhistorien bordelais François Bordes. L’auteur s’est appuyé sur les archives et les nombreuses publications de François Bordes. Il montre comment celui-ci a proposé une méthodologie innovante, modifiant profondément la perception des faits préhistoriques par l’analyse rigoureuse des stratigraphies, l’expertise de la taille des pierres et une méthode d’analyse statistique des pièces récoltées sur un site. L’auteur présente ensuite les conséquences de ce renouveau méthodologique, en particulier sur l’interprétation que donne François Bordes de l’évolution des cultures préhistoriques. Il souligne enfin la place particulière que François Bordes, patron de laboratoire et créateur d’une véritable école de pensée, occupe au sein de la communauté des préhistoriens de la seconde moitié du XXᵉ siècle.
PRIX ANDRÉ VOVARD
La lauréate de ce prix est madame Odile Girardin-Thibeaud pour sa thèse Des amiraux au service de Vichy (1940-1944).
Cette thèse représente un travail considérable, particulièrement documenté et très fouillé, sans équivalent, sur un sujet très sensible puisqu’elle examine le rôle qu’ont pu jouer au sein du régime de Vichy, auprès de l’amiral Darlan, un groupe d’amiraux.
Après une analyse détaillée du corps des officiers de Marine avant-guerre, madame Odile Girardin-Thibeaud a sélectionné un corpus de 49 amiraux ayant tenu, hors de la Marine, de très hautes responsabilités au sein de l’Etat de Vichy.
Elle décrit ensuite l’action de ces officiers généraux : responsabilités exercées, politique suivie dans les postes qui leur avaient été confiés, défense de leurs valeurs. Enfin l’après-guerre n’est pas oubliée : épuration, procès, mais aussi écrits et mémoires.
Cette thèse a également été récompensée par le prix Amiral Daveluy du Chef d’Etat-major de la Marine en juin dernier.
PRIX SPÉCIAL
L’Académie a jugé qu’un prix spécial devait récompenser l’ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts Jean-Marie Ballu pour son ouvrage L’Hermione, l’aventure de sa reconstruction aux éditions Vagnon.
Construite en 1778-1779, en six mois, à l’arsenal de Rochefort, la frégate l’Hermione doit sa notoriété pour avoir conduit le marquis de La Fayette aux Amériques, chargé d’annoncer au général Washington l’arrivée prochaine d’un corps expéditionnaire commandé par le lieutenant-général comte de Rochambeau. L’association Hermione-La Fayette décida de se lancer dans l’aventure surprenante mais séduisante, difficile, d’une reconstruction à l’identique de cette frégate. Lancé au début des années 1990, le chantier s’est achevé en 2012. L’Hermione prenait la mer pour ses premiers essais en septembre 2014, avant de traverser l’océan Atlantique en avril 2015 pour un voyage triomphal aux Etats-Unis.
C’est l’histoire de ce projet et de sa réalisation que Jean-Marie Ballu, spécialiste du bois de marine et de la charpente navale, raconte avec passion sous la forme d’un reportage aussi détaillé que bien documenté, très vivant, avec de nombreuses photos, dont certaines inédites, complété d’un glossaire des termes de marine en fin d’ouvrage.
PRIX HUBERT GREPINET
C’est le professeur Pier Vincenzo Piazza, directeur du Neurocentre Magendie, qui a été distingué par ce prix.
Le docteur Pier Vincenzo Piazza, neurobiologiste, est le fondateur du Neurocentre Magendie de Bordeaux qui, avec plus de 200 chercheurs, se classe parmi les meilleurs instituts de neurosciences en Europe.
Le professeur Piazza est aussi à l’initiative d’un projet baptisé Neurocampus. Il s’agit de la création d’un des plus grand centre de recherches dédié aux neurosciences qui comprendra 50 groupes de recherches et 600 chercheurs. Ce projet soutenu par le Conseil régional d’Aquitaine, qui a obtenu un financement de 80 millions d’euros, devrait être achevé avant la fin de l’année 2016.
Le professeur Pier Vincenzo Piazza a contribué de manière révolutionnaire à la compréhension des pathologies du comportement, et en particulier de l’addiction, avec une nouvelle vision de cette maladie et de nouvelles approches pour l’étudier, ce qui a permis de découvrir plusieurs des mécanismes moléculaires de l’addiction.
Le professeur Piazza a également été distingué par l’Académie des sciences.
PRIX LOUIS DESGRAVES
C’est l’ouvrage collectif, sous la direction de madame Nadine Massias, Trésors de la Bibliothèque de Bordeaux. Abécédaire édité par Le Festin qui a été couronné par ce prix Louis Desgraves.
Outre l’histoire de la Bibliothèque municipale classée de Bordeaux, ce livre dessine en 26 articles toute la profondeur historique, la diversité et l’originalité de ses collections. Il est enrichi d’une belle iconographie en couleurs constituée de reproductions des pages de documents les plus précieux, manuscrits, gravés ou imprimés, et de photographies des lieux et des outils qui permettent l’accès aux collections.
Rassemblant 21 auteurs, dont les textes ont été coordonnés par Nadine Massias, conservateur en chef, adjointe à la direction de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, le texte suit l’ordre alphabétique, d’où le sous-titre Abécédaire.
Ce très beau livre invite à un voyage culturel à travers des documents du Moyen-âge au XXᵉ siècle, avec des facettes très variées, et donne les clés pour une visite de la bibliothèque de notre ville.
PRIX FERNAND DAGUIN
L’ensemble des travaux concernant les sciences de la terre, en particulier en hydrogéologie de monsieur François Bichot a été couronné par ce prix Fernand Daguin
Docteur en géologie structurale, François Bichot est un spécialiste de grand renom en hydrogéologie. Après avoir été ingénieur en chef de projets hydrogéologiques auprès du service géologique régional du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) du Nord-Pas-de-Calais puis de l’Aquitaine, il est actuellement directeur du service régional de Poitou-Charentes. Ses activités y sont multiples et diversifiées, elles concernent plus particulièrement l’hydrogéologie sous toutes ses formes, par exemple la géothermie et l’établissement de banques de données.
François Bichot participe à des cycles de formation relatifs à certaines applications de l’hydrologie ayant une action sur les processus environnementaux, tels que les glissements de terrain, les effondrements ou encore les risques de pollution des nappes phréatiques. Il est l’auteur de nombreuses publications. Il est l’un des environnementalistes les plus qualifiés de sa génération.
PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD
Les lauréats de ce prix du baron Philippe de Rothschild ont été messieurs Guy Charneau et Jean-Charles Chapuzet pour leur ouvrage Bordeaux, les grands crus classés 1855 aux éditions Glénat.
En 1855, à l’occasion de l’Exposition Universelle, l’empereur Napoléon III chargea les courtiers de Bordeaux de classer par ordre de mérite les meilleurs crus du Médoc, des Graves et de Sauternes-Barsac. Il en résulta un palmarès de 88 élus, répartis en cinq classes. Preuve de sa lucidité, comme du rôle éminent du terroir dans la qualité du vin, ce classement de 1855 n’a jamais été sérieusement remis en cause, si bien que les grands crus classés peuvent dire encore aujourd’hui, comme le maréchal Mac Mahon J’y suis, j’y reste !
L’ouvrage de Jean Charles Chapuzet, superbement illustré par Guy Charneau, est un somptueux hommage rendu à ce classement de 1855, que Jean Paul Kauffmann a comparé à un ordre de chevalerie. L’essentiel de ce livre est constitué de courtes, vivantes et savantes monographies sur chaque château, avec un aperçu de son histoire, de son terroir et des caractéristiques de son vin. Guy Charneau a pour sa part réussi une remarquable illustration, en parfaite osmose avec le texte.
Ce prix, doté par le Château Mouton Rothschild, a été remis par madame Camille Sereys de Rothschild. Monsieur Guy Charneau, hospitalisé n’ayant pu être présent, ce sont ses deux filles, très émues, qui sont venues recevoir ce prix pour leur père.
PRIX SPÉCIAL
L’Académie a souhaité distinguer par un prix spécial monsieur Vincent Joineau pour son ouvrage Moudre les Blés. Les moulins de l’Entre-deux-Mers bordelais (XIᵉ – XVIIIᵉ siècles) aux Classiques Garnier.
Il s’agit de la version revue et corrigée d’une thèse de doctorat en histoire de l’art soutenue par Vincent Joineau à l’Université Bordeaux-Montaigne. Cet ouvrage qui avait reçu le prix de la Fondation du Patrimoine en 2012, a pour auteur sans doute le meilleur spécialiste français des moulins d’autrefois. Sa connaissance des techniques est impressionnante. En outre son apport pour l’histoire de notre région est considérable. Vincent Joineau a littéralement ouvert un nouveau domaine de connaissances qui est désormais à la disposition du public.
PRIX JACQUES PAUL
Le lauréat de ce prix est monsieur Michel Polacco pour son livre Drones, l’aviation de demain ? aux éditions Privat.
C’est cette question d’actualité que pose Michel Polacco, périgourdin, journaliste depuis 1966 et actuel Secrétaire Général de Radio France, dans un très bel ouvrage, tout à fait exhaustif. En 150 pages abondamment et judicieusement illustrées par des images et photos souvent inédites, l’auteur aborde tout ce qui touche aujourd’hui aux drones, tant militaires que civils. Partant de l’histoire des premiers engins volants habités, il dresse un état des lieux minutieux des drones actuels et il imagine plusieurs pistes de développement dans l’avenir. Soulignant le rôle important que tient la France dans ce domaine, Michel Polacco fait une analyse détaillée des conséquences de la naissance de cette nouvelle génération d’engins volants dans tous les domaines, touchant aussi bien aux opérations militaires, à la technique qu’à l’observation. Michel Polacco nous amène ainsi à réfléchir sur une des innovations majeures de notre époque et il nous convainc que non seulement les drones seront l’aviation de demain, mais qu’ils sont déjà celle d’aujourd’hui.
PRIX DE LA FONDATION DU PATRIMOINE
Monsieur Pierre Lucu pour son Guide des cabanes de vigne et de pêche de la juridiction de Saint-Emilion aux éditions de l’Entre-deux-Mers a reçu pour cette année ce prix de la Fondation du patrimoine..
Cet ouvrage est consacré aux cabanes qui, au milieu des vignes de la juridiction de Saint-Emilion ou sur les bords de la Dordogne, servaient de resserre et d’abri aux vignerons ou permettaient aux pêcheurs d’ancrer leurs escaves, ces grands filets qui barraient la rivière au moment de la remontée des poissons migrateurs. Dans les vignes, Pierre Lucu a recensé plus de quatre-vingt-dix cabanes de pierre, il en a dressé la typologie et les caractéristiques. Privilèges seigneuriaux, les cabanes d’escaves ont disparu à la Révolution, mais grâce aux documents d’archives et à la cartographie, l’auteur en a retrouvé les usages et les emplacements souvent occupés, aujourd’hui, par des carrelets. Ce travail érudit, enrichi de photographies poétiques, est aussi une plaidoirie pour la protection d’un petit patrimoine qui témoigne de l’activité des gens de vigne et de rivière au cours des siècles passés.
Ce prix est doté par la fondation du patrimoine et il a été remis par monsieur Claude Jean, délégué régional de la fondation pour l’Aquitaine.
PRIX SPÉCIAL
L’Académie a souhaité distinguer par un prix spécial l’Association Lucien de Maleville pour son ouvrage Lucien de Maleville, peintre du Périgord édité par le Festin.
Cette association a été créée en 2005 pour faire connaître et mettre en valeur l’œuvre d’un bel artiste de Dordogne, le peintre Lucien de Maleville. Avec des témoignages de ceux qui le connurent, par des illustrations remarquables dues à la contribution de collectionneurs, grâce à un travail sur les archives familiales, l’ensemble donne un superbe ouvrage qui met en valeur l’œuvre foisonnante d’un homme qui célébra, grâce à la magie de sa palette, les paysages aimés de son pays, le Périgord.
PRIX DÉCOUVERTE DES BELLES-LETTRES
Le prix Découverte des belles-lettres a récompensé monsieur David Vincent pour sa maison d’édition L’Arbre Vengeur.
David Vincent, qui fut longtemps libraire, responsable du département de littérature générale à la librairie Mollat et qui est aujourd’hui directeur commercial de la revue Le Festin, a créé il y a dix ans, une maison d’édition qu’il a appelée L’Arbre vengeur. Au départ celle-ci était spécialisée dans les rééditions d’œuvres introuvables comme celles de Pierre Louÿs, Paul Jean Toulet ou Rémy de Gourmont. Aujourd’hui, elle publie, avec la collaboration du graphiste Nicolas Etienne, un livre par mois. Ce sont de petits volumes avec une belle présentation, un très beau graphisme et des couvertures soignées. David Vincent a surtout un grand souci du style des textes, et dit-il un goût pour l’excessif et l’humour plutôt noir et un tropisme vers un fantastique intelligent. On peut conclure en affirmant Non, l’édition n’est pas morte !
PRIX SPÉCIAL
Un prix spécial a récompensé trois lauréats, madame Marie-Hélène Bouchet, messieurs Sébastien Lamigou-Garcia et Anthony Arrosères, pour la réalisation d’un DVD sur Castéja ou l’histoire de l’Institution nationale des sourdes-muettes de Bordeaux.
Ce DVD documentaire retrace l’histoire, un peu oubliée, de cet Institut qui occupa le grand bâtiment de la rue Castéja de 1870 à 1958, avant que ne s’y installe le commissariat de Police. C’est un émouvant exercice de mémoire qui rassemble des témoignages sur la vie de cette Institution et qui permet de restituer la vie quotidienne des jeunes sourdes-muettes dans cette maison.
Ce DVD a été réalisé par Sébastien Lamigou-Garcia et Anthony Arrosères, tous les deux sourds -muets, le premier est cinéaste et le second informaticien. Leur travail donne une belle image de cette Institution qui avait donné une âme à ce lieu historique de Bordeaux.
La remise de ce prix a été l’occasion d’un moment particulier, riche en émotion, avec la présence d’une interprète en langage des signes, afin que ces deux lauréats puissent profiter pleinement de ce moment qui les honorait et exprimer à l’assistance tous leurs remerciements.