PRIX 2016 DE L’ACADÉMIE
Les prix de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux pour l’année 2016 ont été remis lors de la séance solennelle de fin d’année le jeudi 15 décembre 2016 devant une assistance très nombreuse.
C’est l’amiral Alain Béreau, Secrétaire perpétuel, qui a présenté les différents prix, les lauréats et les ouvrages récompensés.
GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE
Jean-Claude GUILLEBAUD
Le Grand prix de l’Académie de Bordeaux récompense chaque année une personnalité, une œuvre ou l’ensemble d’une œuvre dans le domaine des sciences, des arts ou des belles-lettres.
Le lauréat de ce Grand prix pour cette année 2016 est monsieur Jean-Claude Guillebaud, journaliste, écrivain, essayiste et éditeur.
Né le 21 mai 1944 à Alger, Jean-Claude Guillebaud a été journaliste pour plusieurs quotidiens ou hebdomadaires : au quotidien Sud Ouest, où il tient encore une rubrique hebdomadaire dans Sud Ouest Dimanche, au journal Le monde, au Nouvel Observateur avec une chronique hebdomadaire sur la vie des médias puis comme éditorialiste où il avait remplacé en 2010 Jacques Julliard., à l’hebdomadaire La vie Catholique avec une chronique d’observation de la société et de la vie politique.
Jean-Claude Guillebaud est également un écrivain prolifique. Il écrit son premier livre en 1969, avec Pierre Veilletet, consacré à Jacques Chaban-Delmas : Chaban Delmas ou l’art d’être heureux en politique. Au total, il a publié près d’une trentaine d’ouvrages. Observateur des grandes questions de notre société, ses livres ont connu un grand retentissement comme La tyrannie du plaisir (1998), Le Principe d’humanité (2001), La confusion des valeurs (2009) ou encore Le goût de l’avenir (2011). Il a été lauréat du Prix Albert Londres dès 1972 puis du prix Roger Nimier en 1988. Fidèle à son maître Jacques Ellul, Jean-Claude Guillebaud a pleinement exercé son talent de passeur d’idées et de convictions. Il était un proche de Jean Lacouture dont l’ensemble de l’œuvre avait été aussi couronné par notre Académie.
Jean-Claude Guillebaud est non seulement un écrivain et un essayiste, il est aussi un éditeur, d’abord au Seuil, puis il a fondé la maison d’édition Arléa.
Enfin Jean-Claude Guillebaud a dirigé Reporters sans frontières et il a été Président du Centre François Mauriac de Malagar de 2006 à 2011.
L’Académie couronne donc aujourd’hui un journaliste et un écrivain dont l’œuvre depuis bientôt cinquante ans est considérable et reconnue.
PRIX D’HISTOIRE CHARLES ET ARLETTE HIGOUNET
Laure LEROUX pour sa thèse :
Le château de Biron (Dordogne).
Etude archéologique, historique et architecturale.
Charles Higounet, a été le grand médiéviste, spécialiste de l’histoire du Sud-ouest et de Bordeaux, membre de notre Académie de 1960 à 1988. Son épouse, Arlette Higounet-Nadal, fut également une très grande historienne du Moyen-âge ; elle a été la première femme élue à l’Académie de Bordeaux en 1990. Ils ont institué un prix d’histoire, doté par une Fondation, qui récompense l’auteur d’une thèse ou d’un travail de recherche sur le Moyen-âge.
Cette année le prix revient à une lauréate, madame Laure Leroux, qui a soutenu à Caen au mois de mai 2016, une thèse intitulée : Le château de Biron (Dordogne). Etude archéologique, historique et architecturale.
Cette thèse se compose de deux volumes. Le premier présente de manière chronologique en six chapitres l’histoire du château de Biron, depuis sa fondation jusqu’à la Révolution. Le second volume présente une série de 18 notices sur les différentes parties du château, ainsi que deux monographies des châteaux proches de Badefol et de Montferrand.
Laure Leroux a conduit cette thèse avec une démarche innovante en replaçant son étude dans le contexte particulier de la zone des confins de l’Agenais et du Périgord où est implanté le château de Biron et dans le contexte plus général de l’histoire régionale. Articulant plusieurs disciplines, archéologie, histoire, histoire de l’art, elle a retracé la genèse du site castral aux environs de l’an mil, puis l’affirmation du pouvoir des Biron à partir du XIIe siècle, l’intérêt des Plantagenet pour le lignage des Biron, et la politique opportuniste de ceux-ci au moment des guerres du XIVe et XVe siècles. Ensuite, avec le retour à la paix, au début du XVIe siècle, l’exploitation des ressources métallurgiques et forestières ont financé une formidable métamorphose du château. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, les maréchaux de Biron initient les derniers travaux d’envergure puis on assiste, en raison de l’éloignement des Biron, à l’affaiblissement de leurs liens avec les terres de leurs origines.
Précisons que cette recherche a été possible grâce la mise en place d’une convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE) financée par le Conseil départemental de la Dordogne, propriétaire du monument.
A l’unanimité, le jury a délivré à Laure Leroux la mention très honorable avec ses félicitations et a qualifié sa thèse de travail exceptionnel.
PRIX DE PHYSIQUE
Etienne KLEIN
Dès la fondation de l’Académie de Bordeaux, le duc de la Force premier protecteur de l’Académie avait envisagé la création d’un prix de physique. Le duc choisit pour ce prix attribué en 1715, la Dissertation sur les variations du baromètre, dont l’auteur est Jean Jacques d’Ortous de Mairan, mathématicien, physicien, musicien, philosophe, membre de l’Académie française, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences et membre associé de l’Académie de Bordeaux. Cette médaille d’or est ainsi la première en date des récompenses décernées par les Sociétés scientifiques en Europe, alors que l’Académie des Sciences n’attribuera que cinq ans plus tard un prix de mathématiques.
Aussi l’Académie a souhaité remettre à l’honneur un prix dans le domaine des Sciences.
Ce prix de physique est attribué à Etienne Klein, qui dirige actuellement le Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière à Saclay. Ancien élève de l’Ecole centrale de Paris, titulaire d’un DEA de physique théorique, Etienne Klein a participé à plusieurs grands projets, en particulier la mise au point du procédé de séparation isotopique par laser et l’étude d’un accélérateur à cavités supraconductrices. Avec l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), il a participé à la conception du Grand collisionneur de hadrons (LHC) qui est le plus puissant accélérateur de particules du monde.
Docteur en philosophie des sciences, Etienne Klein a enseigné pendant plusieurs années la physique quantique, la physique des particules et la philosophie des sciences à l’École centrale Paris. Il est spécialiste de la question du temps en physique. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages sur les sciences, plus d’une trentaine au total, avec un souci de la vulgarisation intelligente. On peut citer Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, Discours sur l’origine de l’univers, chez Flammarion, Le monde selon Etienne Klein, ou encore Y a t-il eu un instant zéro ? Etienne Klein est un exceptionnel pédagogue, aussi bien dans ses livres que dans ces conférences.
Il a animé aussi régulièrement des chroniques scientifiques à la radio, sur France Culture, avec Le Monde selon Étienne Klein puis avec La Conversation scientifique, ou encore sur France Info… Il a reçu de très nombreux prix.
Etienne Klein est de ces scientifiques qui ont le souci de faire partager leur passion et de rendre accessible à tous la culture scientifique.
PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE
Serge MAHOURAT
pour sa traduction du Petit Nicolas en gascon.
Editions IMAV
Adélaïde-Edouard Le Lièvre, marquis de La Grange et de Fourille, sénateur, membre de l’Institut, membre de l’Académie de 1856 à 1876, avait légué à notre compagnie une rente destinée à un prix pour le meilleur livre ou mémoire sur la langue gasconne ou sur la numismatique des provinces méridionales.
La France est riche de 75 langues régionales. Les éditions IMAV se sont lancées le défi de traduire le célèbre ouvrage Le Petit Nicolas dans toutes ces langues. L’œuvre de Goscinny et Sempé sera ainsi le premier livre à réaliser ce tour de Gaule au complet. Ces traductions s’inscrivent dans le cadre d’une ambitieuse collection des Langues de France visant à promouvoir la diversité linguistique de notre pays.
C’est monsieur Serge Mahourat, que nous récompensons ainsi du Prix du marquis de La Grange, qui a réalisé cette traduction en gascon du Petit Nicolas.
Serge Mauhourat est conteur, chanteur, joueur de boha, la cornemuse landaise, enseignant en occitan et auteur d’albums pour la jeunesse. Né à Tarbes, d’un père originaire de la plaine de Nay et d’une mère de la Vallée d’Aspe, il est bercé pendant son enfance de langue et de culture béarnaises. Depuis plus de quinze ans, il chante avec le groupe béarnais Los Pagalhos et depuis une dizaine d’années, il conte en français et en béarnais, dans des spectacles qui célèbrent son pays.
PRIX BRIVES-CAZES
Pascal de TOFFOLI, Jean-Pierre KOSCELNIAK, Philippe SOULEAU et Stéphane CAPOT
Eté 1944. La libération du Lot-et-Garonne et de la Gironde rattachée.
Editions Privat
Joseph-Emile Brives-Cazes, conseiller à la Cour d’Appel de Bordeaux et membre de l’Académie de 1869 à 1887, avait institué dans son testament un prix, avec à l’époque une rente, pour récompenser le meilleur travail présenté à l’Académie sur un sujet relatif à l’histoire du Sud-Ouest (ancienne Aquitaine) et plus particulièrement de Bordeaux.
Ce prix a été attribué pour 2016 aux auteurs d’un livre très documenté sur la libération de la région, messieurs Pascal de Toffoli, Jean-Pierre Koscelniak, Philippe Souleau et Stéphane Capot : Eté 1944. La libération du Lot-et-Garonne et de la Gironde rattachée publié aux éditions Privat en 2015.
Soixante-dix ans se sont écoulés depuis le débarquement allié en Normandie et l’abandon du territoire par les troupes d’occupation. Ce recul a été jugé nécessaire aux auteurs pour évoquer en Lot-et-Garonne et en Gironde rattachée une des périodes les plus douloureuses de l’histoire de notre pays. Ils ont articulé leur ouvrage en trois temps. D’abord sous l’occupation, de janvier 1943 à mai 1944, période qu’ils ont intitulée l’ordre milicien. Puis celle du 6 juin au 15 août 1944, où le Sud-ouest de la France devient un territoire stratégique, utilisé par l’occupant comme une voie de repli et au cours de laquelle, à la mobilisation générale des maquis, répond la radicalisation des violences allemandes. Enfin la période postérieure au 15 août 1944, jusqu’au printemps 1945, où l’on assiste plus à l’abandon des villes qu’à leur libération avec l’épuration qui a été particulièrement violente dans la région.
Pascal de Toffoli, Jean-Pierre Koscelniak, Philippe Souleau sont tous les trois des historiens spécialistes de la Seconde guerre mondiale ; Stéphane Capot est directeur des archives départementales du Lot-et-Garonne. Leur ouvrage s’appuie sur un très important travail de recherches sur les archives, sur les rapports officiels de l’époque, sur des documents les plus divers et le livre est richement illustré par des archives d’époque : rapports des préfets, de la Police et de la Gendarmerie, documents issus de la Résistance, photographies, affiches, tracts, articles de presse. Cela en fait un ouvrage très complet et très documenté.
PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME
Dominique DUSSOL
Caudéran.
Editions Le Festin.
Ce prix, créé par le syndicat d’initiative en 1957, récompense un ouvrage historique, littéraire ou artistique, ayant pour sujet principal Bordeaux, accessible au grand public et susceptible de servir au développement touristique de la ville. Il est doté par l’Office du tourisme.
Il récompense cette année monsieur Dominique Dussol pour son ouvrage sur Caudéran, aux éditions Le Festin.
Cinquante ans après son rattachement à Bordeaux, Caudéran, ancienne banlieue de villégiature, bien souvent qualifiée de Neuilly bordelais, n’a rien perdu de son identité, malgré les importantes transformations urbanistiques, architecturales et paysagères de ces dernières décennies. Il reste, ici ou là, de superbes traces de ce prestigieux passé, chartreuses, bourdieux, villa, lieux de distractions populaires. C’est un quartier où l’on trouve aussi de magnifiques témoignages de l’Art nouveau, de l’Art déco et des architectures contemporaines de premier plan. Dans son livre richement illustré de cartes postales anciennes et de photographies contemporaines, Dominique Dussol propose de redécouvrir l’histoire et le patrimoine extraordinairement riche et varié de ce vaste quartier, à travers une sélection d’une trentaine de sites emblématiques : Tivoli, Grand Lebrun, le Parc Bordelais, La Pergola, les architectures contemporaines des architectes Salier-Courtois-Lajus…
Dominique Dussol est professeur en histoire de l’art contemporain à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, spécialiste de la peinture des XIXe et XXe siècles. Longtemps critique d’art pour le quotidien Sud Ouest, il collabore depuis de nombreuses années à la revue Le Festin, dont il est le président du comité scientifique. Il assure également des commissariats d’expositions.
Le prix a été remis par monsieur Jean-Pierre Guyomarc’h, conseiller municipal, délégué auprès de l’adjoint en charge des ressources humaines et de l’administration générale.
PRIX HUBERT GRÉPINET
Marie BOISSIÈRE
Bretonneau. Correspondance d’un médecin (1795-1862).
Presses universitaires de Tours
Le prix Hubert Grépinet, qui date de 1966, est à décerner à un ouvrage ou à des travaux de recherches concernant l’histoire de la médecine ou de la chirurgie.
Cette année il est remis à madame Marie Boissière pour son ouvrage Bretonneau. Correspondance d’un médecin (1795-1862) édité aux Presses universitaires de Tours.
Marie Boissière, actuellement conservateur à la Bibliothèque nationale de France, a soutenu sa thèse d’Ecole des chartes en 2013 ; les Presses universitaires de l’Université François Rabelais de Tours ont jugé intéressant de la publier en 2015. L’ouvrage porte sur la correspondance d’un médecin au XIXème siècle, Pierre-Fidèle Bretonneau ; il est articulé en 3 tomes :
– de la formation à la pratique (1795-1819) ;
– une carrière entre observations, interrogations et réflexions (1820-1840) ;
– la retraite (1841-1862).
Cette correspondance, étudiée avec la compétence d’une chartiste-paléographe, porte sur 494 lettres écrites ou reçues pendant 64 ans avec plus de 40 correspondants. Le premier tome concerne la formation d’un officier de santé, à Chenonceaux, dont Bretonneau sera plus tard maire. Le second tome, de 1820 à 1840, porte sur la carrière de médecin de Pierre Bretonneau à Paris, notamment ses découvertes ; il identifie la diphtérie et la fièvre typhoïde, et défend la doctrine et la spécificité de leur contagion, alors que les microbes, les agents infectieux sont encore inconnus. Ses élèves, Velpeau et Trousseau, défendent leur maître contre les attaques de Broussais.
Le troisième tome s’étend de 1841 à 1862, où la retraite de Bretonneau est active. Il est très consulté et écouté, car le médecin de Tours est le médecin non parisien le plus connu d’Europe. Il est aussi un horticulteur renommé.
Cette correspondance instruit non seulement sur la révolution médicale de la première moitié du XIXe siècle, mais aussi sur l’état politique et social de la France à cette époque. La qualité de ce travail d’archiviste -paléographe fait de cet ouvrage une véritable référence pour l’histoire de la médecine.
PRIX ANDRÉ-JACQUES VOVARD
Silvia MARZAGALLI
Bordeaux et les Etats-Unis 1776-1815.
Politique et stratégies négociantes dans la genèse d’un réseau commercial.
Librairie Droz
Historien maritime, né à Bordeaux en 1875, auteur de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la Marine, plus particulièrement au plan local, André-Jacques Vovard, a été président de la section historique de l’Académie de Marine et membre de notre compagnie. Le prix qui porte son nom récompense un ouvrage ou un travail sur l’histoire de la Marine ou sur le port de Bordeaux.
La lauréate de ce prix pour 2016 est madame Silvia Marzagalli pour son livre Bordeaux et les Etats-Unis 1776-1815. Politique et stratégies négociantes dans la genèse d’un réseau commercial à la Librairie Droz.
Madame Silvia Margazalli est une historienne italienne, spécialiste du commerce maritime au XVIIIe siècle. Elle a soutenu sa thèse à l’Institut universitaire européen de Florence en cotutelle avec l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Elle est professeur d’histoire moderne à l’Université de Nice après avoir enseigné longtemps à Bordeaux III.
Jusqu’ici, les relations commerciales entre Bordeaux et les Etats-Unis au lendemain de la guerre de l’Indépendance américaine n’avaient été abordées que de façon partielle. Cette fois, madame Silvia Margazalli nous donne une vue d’ensemble de leur évolution au cours des quatre premières décennies qui ont suivi la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. L’alliance entre le royaume de France et les Insurgents amena un premier développement des liens commerciaux entre Bordeaux et le rivage continental américain, mais la Révolution puis les guerres de l’Empire et les conflits avec l’Angleterre ont rendu fragiles ces échanges. C’est pourquoi il n’y a guère de maisons de commerce bordelaises qui les pratiquèrent plus d’une génération.
Parmi les temps forts de l’ouvrage, il y a l’analyse des conséquences de ces guerres sur le commerce international, mais aussi l’étude de l’établissement de réseaux et du fonctionnement des maisons de commerce bordelaises. Madame Silvia Margazalli a consulté non seulement les fonds d’archives nationaux français et les fonds bordelais, mais aussi les archives américaines, notamment celles du Consulat américain de Bordeaux. Son ouvrage constitue une synthèse du plus haut niveau, les analyses très détaillées s’appuyant sur un ensemble très riche de graphiques, cartes et histogrammes.
PRIX CHASSIN-DUFOURG
Olivier CHALINE
Les armées du Roi. Le Grand Chantier XVIIe-XVIIIe siècles.
Armand Colin.
Le général de corps aérien Lionel Max Chassin a fait une brillante carrière dans l’armée de l’Air, notamment comme commandant des forces aériennes en Indochine puis au sein de l’OTAN. Il a été membre de notre Académie de 1950 à 1955. Le colonel de réserve Robert Dufourg en a été pour sa part le Secrétaire perpétuel de 1973 à 1987. Le prix qui porte leur nom, institué en 1956, est un prix d’histoire militaire sur un sujet national, régional ou local.
Ce prix est attribué cette année au professeur Olivier Chaline pour son ouvrage Les armées du Roi. Le grand chantier XVIIe-XVIIIe siècle publié chez Armand Colin.
Olivier Chaline, diplômé de l’Ecole normale supérieure d’Ulm, est un historien moderniste, professeur d’université, spécialiste des règnes de Louis XIV à Louis XVI, de l’histoire de l’Europe centrale et d’histoire maritime.
L’ouvrage Les armées du Roi est d’une exceptionnelle qualité, grâce à la maîtrise de l’auteur tant pour ce qui concerne l’histoire de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles que l’histoire des forces armées terrestres ou maritimes du royaume, sans oublier la qualité de son écriture.
Le parti choisi n’est pas moins intéressant : pratiquement pour la première fois, il s‘agit d’étudier de concert les armées et la marine de guerre. Ainsi la place de chacune, tout comme les évolutions les concernant, peuvent être mis en perspective. L’auteur souligne que c’est seulement lors de la guerre de l’Indépendance américaine que la Marine royale occupa le devant de la scène, alors qu’auparavant elle le cédait toujours en importance aux armées. En fait, Richelieu était sans doute le premier à avoir vraiment compris qu’il fallait pour la puissance du roi de France qu’il disposât à la fois d’une grande Armée et d’une grande Marine, mais c’est Louis XIV qui réalisa cette ambition. L’autre grand apport de l’ouvrage réside sans aucun doute dans la passionnante démonstration qui est faite de la coopération entre le souverain et la noblesse dans ce domaine des armées. La puissance française n’a pas été bâtie au XVIIe siècle, et singulièrement après 1660 par le roi seul et ses ministres : les nobles y ont plus que largement participé. A l’armée ils ont donné l’impôt du sang mais aussi celui de leurs ressources : celui qui levait un régiment, l’entretenait et cela coûtait de belles sommes ! A bord des vaisseaux, propriété de l’Etat, la noblesse constituait la quasi totalité des commandants et des officiers. C’est pourquoi Olivier Chaline conclut que les énormes armées de terre et de mer de Louis XIV sont l’impressionnant résultat d’une œuvre commune du roi et de ses nobles. Là réside aussi une nouveauté de l’ouvrage. Enfin, il y a une mise en perspective tout à fait intéressante de la crise de la monarchie française dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
L’ensemble constitue un très grand ouvrage historique, d’une richesse exceptionnelle et d’une qualité rare.
PRIX SPÉCIAL
Bernard LACHAISE
Manon Cormier une bordelaise en résistances (1896-1945)
Editions Confluences
Un prix spécial a été attribué à monsieur Bernard Lachaise pour son livre Manon Corbier une bordelaise en résistances (1896-1945) paru aux Editions Confluences en 2016.
Ce livre est consacré à la vie hors du commun de Manon Cormier qui a voué sa vie à la promotion des droits des femmes, à leur égalité civique et professionnelle. Résistante, déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen, elle n’a pas survécu aux mauvais traitements et elle meurt à son retour à Paris en 1945. Elle est inhumée au cimetière protestant de Bordeaux, sa ville natale. Avocate, auteur de plusieurs publications historiques, Manon Cormier fut une militante qui défendait avec talent les droits des femmes et grâce à ses amies de la Ligue française pour le droit des femmes et celles du club Soroptimist, mouvement fondé en 1921, elle se fit connaître dans la ville et hors de Bordeaux.
Ce livre de Bernard Lachaise, professeur émérite à l’Université de Bordeaux Montaigne, est une belle contribution à l’histoire de Bordeaux dans l’Entre-deux-guerres, à celle de l’université de Bordeaux et bien sûr et à celle du combat mené par des femmes pour la reconnaissance de leurs droits. Le livre bénéficie de nombreuses illustrations issues d’archives privées, en particulier celles de membres du Barreau de Bordeaux.
Cet ouvrage donne aussi l’occasion de souligner le travail soigné et persévérant des éditions Confluences pour faire connaître la vie culturelle et sociale de notre région.
PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD
Jean-François LARCHÉ
La Gironde des arbres.
Approches historique et ethnobotanique.
Société d’horticulture de la Gironde
Le prix du doyen Jean de Feytaud distingue l’auteur d’un ouvrage ou d’une œuvre, de travaux ou de recherches dans le domaine de la biologie ou de l’environnement.
Né en 1881, Jean de Feytaud était docteur en médecine et docteur ès sciences, titulaire à partir de 1932 de la chaire de zoologie et de physiologie animale de l’Université de Bordeaux, doyen de l’Université en 1943. On doit à Jean de Feytaud de nombreuses publications scientifiques concernant surtout les insectes nuisibles. Elu membre de notre Académie en 1936, il en a été le Président en 1951.
Le lauréat 2016 du prix du doyen Jean de Feytaud est monsieur Jean-François Larché pour son ouvrage La Gironde des arbres. Approches historique et ethnobotanique publié par la Société d’horticulture de la Gironde.
Jean-François Larché est ethnobotaniste et spécialiste en pédologie et écologie à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agronomiques de Bordeaux-Aquitaine. Dans son livre, après avoir évoqué les multiples usages ou destinations symboliques des arbres, des évocations de la Bible à l’enseignement romain, des cultes de la dendrologie aux Arbres de la Liberté, Jean-François Larché propose une visite du patrimoine arboré des communes de la Gironde. Depuis bientôt vingt ans, il a ainsi recensé près de 400 arbres remarquables dans le département, dans les parcs publics ou des jardins privés, des arbres d’exception, des spécimens parfois vieux de plusieurs siècles qui ont souvent des formes étonnantes et une histoire à nous raconter.
PRIX SPÉCIAL
Stéphane de SÈZE
Eyran : une seigneurie et des dynasties bordelaises.
Editions Jean-Jacques Wuillaume.
Un prix spécial a été attribué à monsieur Stéphane de Sèze pour son livre Eyran : une seigneurie et des dynasties bordelaises tout récemment publié aux Editions Jean-Jacques Wuillaume.
Stéphane de Sèze, avocat au Barreau de Bordeaux, conte l’histoire du château d’Eyran à travers ses propriétaires depuis la construction du château en 1317. Il évoque dans son ouvrage les différents propriétaires jusqu’à l’acquisition du château par sa famille, continue sa narration jusqu’à la mort d’Aurélien de Sèze en 1870. Lire ce livre, c’est parcourir six siècles d’histoire de France, en compagnie d’une grande famille Bordelaise, qui a côtoyé bien des personnages historiques : Montaigne, Montesquieu, George Sand, sans oublier d’autres grandes familles : de Raymond, Dubernet, de Makanam, de Sallegourde. Dans cette fresque, on peut relever, entre autres, les passages consacrés à Suzanne-Caroline de Sèze (1770-1851), dite Bonbon, et ceux qui nous présentent la figure très attachante d’Aurélien de Sèze (1799-1870).
A partir du domaine familial d’Eyran, l’auteur ne se contente pas de dérouler l’histoire familiale : en multipliant les citations de documents, il permet de prendre connaissance de la richesse des archives d’Eyran. Il faut ajouter que Stéphane de Sèze a complété les archives familiales par le recours aux fonds publics ou à des ouvrages pouvant éclairer ses propos. Nous apprenons ainsi l’existence de documents très précieux et l’auteur montre l’intérêt capital qu’il y a à faire connaître les fonds d’archives familiaux, encore nombreux, dont le contenu reste souvent ignoré, ainsi qu’à en assurer la préservation. C’est probablement un modèle de ce qu’il est souhaitable de faire en la matière.
PRIX JACQUES PAUL
Gérard FELDZER
Si tu peux…vas-y ! Journal d’un pilote aventurier.
XO Editions
Né à Bordeaux en 1900, ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, membre de l’Académie de 1972 à 1991, auteur d’ouvrages sur l’histoire des ingénieurs, sur Gustave Eiffel et sur l’histoire locale, Jacques Paul avait institué un prix destiné à un ouvrage consacré à l’histoire ou à l’avenir des technologies de l’aéronautique, de l’astronautique, de la défense ou de l’énergie.
Ce prix Jacques Paul est décerné cette année à monsieur Gérard Feldzer pour son livre Si tu peux…vas-y ! Journal d’un pilote aventurier aux éditions XO.
Né en 1944, période troublée s’il en est, orphelin à 6 mois d’un père résistant, Gérard Feldzer grandit en région parisienne entouré de sa mère juive d’origine russe, de son grand-père paternel également d’origine russe et d’un oncle pilote de chasse pendant la Seconde guerre mondiale. C’est cet environnement familial, chaleureux et propice au goût de l’audace, qui forge le caractère de ce futur aviateur aventurier – profil difficile à retrouver aujourd’hui – à qui son oncle n’a cessé de répéter : Si tu peux voler…vas-y ! Ce qu’il ne manqua pas de faire…
Ce livre est un cocktail délicieux, écrit avec des sentiments forts, de la passion pour tout ce qui vole, empli de générosité et d’humanisme. On y trouve des passages historiques contés au travers d’aventures rocambolesques, des missions d’aide à des réfugiés dans les pays africains, de créations d’organismes bancaires de microcrédit. Le livre est une succession de moments passionnants, émouvants mais aussi fort amusants, vécus durant la longue activité aéronautique exceptionnellement variée de l’ingénieur aéronautique et du pilote de ligne qu’est l’aventurier Gérard Feldzer. Naturel, émouvant, tout simplement humain, comme l’est son auteur, le livre sait nous toucher et l’on comprend parfaitement pourquoi, après sa longue carrière professionnelle de pilote de ligne à Air France puis de directeur général du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, Gérard Feldzer poursuit les passions et les ambitions qu’il s’est assignées avec générosité, découvrant d’autres domaines, œuvrant pour la protection de la planète dans le cadre du développement des transports futurs, tout en faisant preuve de pédagogie dans ses interventions à la télévision.
PRIX LOUIS DESGRAVES
Bernard BARTHET
Richesse du prince et bien commun au XVIIIe siècle.
Économie et société dans les Mémoire de Trévoux (1601-1762).
Presses universitaires de Bordeaux
Louis Desgraves, bibliothécaire et historien français, né en 1921, membre de notre Académie à partir de 1955, est à l’origine de ce prix destiné à un ouvrage consacré à l’histoire du livre, à l’histoire des lumières ou à l’histoire de Bordeaux.
Ce prix Louis Desgraves est décerné cette année à monsieur Bernard Barthet pour son ouvrage Richesse du prince et bien commun au XVIIIe siècle, Économie et société dans les Mémoire de Trévoux (1601-1762), édité aux Presses universitaires de Bordeaux.
Les Mémoires pour la science et les beaux-arts, dits Mémoires de Trévoux, dont la rédaction avait été confiée à des jésuites par Louis XIV afin de défendre le régime monarchique face aux bouleversements du début du XVIIIe siècle, sont le grand périodique des jésuites. Pour les fils de Saint-Ignace, le projet est ambitieux : il s’agit de s’insérer dans le monde intellectuel du savoir pour y accomplir un authentique devoir d’intelligence. L’important corpus étudié par Bernard Barthet est constitué par des comptes rendus d’ouvrages rédigés par ceux qu’on appelle les Trévousiens, des ouvrages de l’actualité éditoriale. La brillante équipe tente de persuader le lecteur que l’idéologie thomiste du Bien commun conduit à une société chrétienne monarchique de l’harmonie universelle dans tous les domaines.
Cet ouvrage très académique, très érudit, s’insère dans le courant historique qui, depuis une trentaine d’années, s’attache à analyser les Contre-Lumières, qu’on appelle aussi parfois les Lumières chrétiennes.
Bernard Barthet est Docteur en Sciences des Religions de l’École Pratique des Hautes Études de la Sorbonne et titulaire d’un DEA d’histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux.
PRIX DE LA FONDATION DU PATRIMOINE
Michel BÉLANGER
Gradignan 1914-2014.
La campagne à la ville
Editions de l’Entre-deux-Mers
La Fondation du Patrimoine dote chaque année un prix destiné à récompenser un ouvrage ayant trait au petit patrimoine rural aquitain.
Le lauréat couronné cette année est monsieur Michel Bélanger pour son livre Gradignan 1914-2014. La campagne à la ville aux éditions de l’Entre-deux-Mers.
Cet ouvrage passionnant, excellemment présenté et illustré, doit être considéré comme un modèle de ce que l’on peut faire pour mettre à la disposition de tous les connaissances que l’on peut réunir sur un lieu donné, sur le patrimoine qu’il représente, y compris sur ce que l’on appelle le petit patrimoine.
L’ouvrage est le fruit de plusieurs années de travail au cours desquelles l’auteur a multiplié les dépouillements d’archives, mais aussi les interviews à partir desquels, tirant profit de la mémoire des habitants, il a pu obtenir non seulement de multiples précisions mais aussi trouver des informations originales et collecter un nombre très élevé de cartes postales et de photographies dont beaucoup sont reproduites dans l’ouvrage. Celui-ci peut donc être considéré comme un véritable précis de l’histoire de ce village, devenu une petite ville, à travers l’histoire de son patrimoine.
Michel Bélanger nous fait ainsi découvrir les nombreux châteaux et moulins encore existants sur le territoire communal, les anciens lavoirs, puits, fontaines et il a réussi à retrouver des photos anciennes ou gravures de ceux qui ont disparu. Les passages consacrés dans le tome II aux activités artisanales retiendront tout autant l’attention des lecteurs, d’autant plus que l’illustration est de qualité avec des cartes postales ou des photographies surprenantes.
Michel Bélanger, directeur de l’UFR de droit public et de science politique de Bordeaux, est adjoint au maire de Gradignan en charge du patrimoine.
Le prix a été remis par monsieur Claude Jean, directeur de la délégation régionale Aquitaine de la Fondation du patrimoine, membre résidant de l’Académie.
PRIX SPÉCIAL
Benoît MANAUTÉ
La manufacture de vitrail et mosaïque d’art. Mauméjean.
Flambe ! Illumine ! Embrase !
Editions Le Festin.
Le superbe ouvrage La manufacture de vitrail et mosaïque d’art. Mauméjean. Flambe ! Illumine ! Embrase ! de Benoît Manauté, publié aux éditions Le Festin reçoit un prix spécial.
Benoît Manauté est docteur en histoire de l’art, enseignant à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et spécialiste des vitraux de Mauméjean.
Plébiscitée par des commanditaires français, espagnols et américains, récompensée lors des grandes expositions internationales de l’Entre-deux-guerres, la manufacture de vitrail et mosaïque d’art de Mauméjean a travaillé à l’ornementation de plus de 5 000 cathédrales, basiliques ou chapelles disséminées dans plus de 25 pays. Ayant accueilli les débuts de cette dynastie d’artisans verriers au destin hors du commun, le Béarn et le Pays basque restent les témoins privilégiés de leur production, comme le montre ce livre de Benoit Manauté qui illustre toute la richesse et la diversité du patrimoine religieux basco-béarnais.
S’appuyant sur un nombre considérable d’œuvres inventoriées de chaque côté des Pyrénées, et sur l’étude d’un vaste et inédit corpus de documents issus du fonds de l’ancienne antenne madrilène de la manufacture, l’auteur réhabilite les frères Mauméjean qui surent optimiser des modes de fabrication traditionnels pour développer une œuvre somptuaire, originale et éclectique. L’historien de l’art Benoît Manauté retrace le formidable destin de cette famille de peintres verriers qui, après vingt ans d’activité paloise, s’exila en Espagne où, s’étant attaché les faveurs de la famille royale, elle réussit à développer une firme internationale aux multiples ramifications.
Au-delà d’un texte très riche, l’iconographie de cet ouvrage est somptueuse.
PRIX DES ARTS
Raphaël PICHON, directeur de l’ensemble baroque Pygmalion
pour son interprétation de l’opéra Dardanus à l’Opéra de Bordeaux.
Le Prix des arts récompense cette année Raphaël Pichon, directeur de l’ensemble baroque Pygmalion, en particulier pour sa représentation à Bordeaux de l’opéra de Jean-Philippe Rameau Dardanus.
Jeune surdoué de la nouvelle génération des chefs d’orchestres de musique baroque, Raphaël Pichon a un rapport privilégié avec l’Opéra de Bordeaux qui l’accueille pour une résidence annuelle depuis 2010. Agé de 31 ans, Raphaël Pichon entame une carrière internationale comme chef, après avoir été violoniste, pianiste et aussi chanteur. A ce titre il fut pendant deux ans l’élève de Michel Laplénie au Département de musique ancienne du Conservatoire national régional de Paris.
Chaque année, Raphaël Pichon donne à Bordeaux trois concerts avec son ensemble Pygmalion. En avril 2015, il conduit pour la première fois au Grand-Théâtre, en version scénique, l’opéra de Jean-Philippe Rameau Dardanus, production qui lui vaut des louanges unanimes de la critique et du public. Un DVD témoin de ces soirées bordelaises vient de paraître et les projets à venir sont nombreux : Elias de Mendelssohn en décembre, Orféo de Monteverdi en mars. Bordeaux peut s’enorgueillir d’accueillir un tel talent.
PRIX D’ÉCONOMIE
Frédéric POULON
La pensée monétaire.
Collection Les topos aux éditions Dunod
Le prix d’économie est décerné cette année au professeur Frédéric Poulon pour son livre La pensée monétaire paru dans la collection Les topos aux éditions Dunod.
La pensée monétaire est en économie l’une des plus riches, mais aussi l’une des plus délicates qui soient. Aujourd’hui, par exemple, la montée des taux d’intérêt négatifs interpelle et déconcerte. Il en est de même de la politique d’intervention non conventionnelle des Banques centrales qui porte à bout de bras toute la politique économique de beaucoup de pays.
Le livre du professeur Frédéric Poulon, savant mais clair, concis mais très riche de contenu, permet de suivre les principales controverses, depuis celle de Malestroit – Jean Bodin au XVIe siècle – jusqu’ à celle, presque contemporaine, de JM Keynes, successivement, avec Hayek, Rueff et Robertson. L’auteur ne manque pas non plus l’occasion de faire apparaître qu’en 1932, avec la théorie générale de Keynes, ce n’est pas l’épargne qui finance l’investissement, c’est la création monétaire des banques qui est essentielle. Il en fait l’une des pièces essentielles du circuit qu’il s’efforce de faire apparaître, avec le marché, comme l’un des deux paradigmes majeurs de l’économie. On ne peut qu’attendre avec intérêt le prolongement de son analyse avec, en point d’orgue, la question de savoir si dans un monde de plus en plus ouvert aux échanges de biens mais aussi aux investissements croisés et à l’imbrication des chaînes de valeur, on pourra enfin ouvrir le circuit sans en dénaturer les conclusions.
PRIX DES BELLES-LETTRES
Delphine GACHET et Alessandro SCARSELLA
Venise. Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire.
Editions Bouquins
Le prix belles-lettres est décerné à Delphine Gachet et Alessandro Scarsella pour leur livre Venise. Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire aux éditions Bouquins.
Conçu par une équipe d’universitaires français et italiens, ce volume est un des ouvrages les plus riches et ambitieux consacré à cette ville mythique qui continue de fasciner des millions de visiteurs.
Ce livre permet au lecteur d’approfondir les aspects de Venise qui lui sont connus et de lui en faire découvrir d’autres, qu’il ne soupçonne pas. S’il est bien sûr question de carnaval ou de la Mostra, de Casanova ou de Vivaldi, il évoque aussi des éléments moins connus, s’attachant ainsi à lever le masque de Venise pour en découvrir les mille visages. La volonté de comprendre la complexité d’un rêve humain qui s’est fait pierre, à la fois immuable et en perpétuel changement, a déterminé la structure de l’ouvrage, résultat de deux points de vue convergents. Le premier est celui des contributeurs francophones, amoureux de Venise et qui ont fait de l’histoire, de l’art et de la culture vénitienne l’objet de leurs recherches. Le second résulte d’auteurs et de chercheurs italiens. Deux approches qui se croisent et se révèlent complémentaires. L’une vise à présenter les éléments les plus classiques du mythe de Venise et à se laisser conquérir par le caractère exceptionnel et par le charme de cette cité mythique. L’autre propose un abord plus critique par ceux qui vivent cette ville au quotidien.
Répondant au choix de privilégier la dimension culturelle, plus encore qu’historique, le livre met en exergue, article après article, les monuments, les objets, les œuvres et les grands hommes de Venise, ce qui permet à chaque lecteur de trouver ses centres d’intérêts personnels.
Delphine Gachet est maître de conférences à l’Université de Bordeaux, spécialiste de Dino Buzzati et traductrice de nombreux auteurs italiens contemporains.
Alessandro Scarsella, critique littéraire, enseigne aujourd’hui la littérature comparée à l’Université Ca’ Foscari de Venise.
PRIX DÉCOUVERTE SCIENTIFIQUE
Louis JACOB
Cette année l’Académie a souhaité récompenser du Prix de la découverte scientifique un jeune chercheur, prometteur dans son parcours.
Ce prix est décerné à Monsieur Louis Jacob.
Ce jeune étudiant a mené un double parcours dans ses études : l’Ecole normale supérieure de Lyon de 2011 à 2014 et des études de médecine. Il est actuellement externe en troisième année à la Faculté de médecine de Paris. Il a obtenu un master de biosciences dans le cadre de son cursus à l’Ecole normale supérieure ainsi qu’un Diplôme d’Etudes Approfondies en biostatistiques et en épidémiologie au Centre d’enseignement de la statistique appliquée à la médecine et à la biologie médicale.
A deux reprises, il a effectué un séjour l’Université de Stanford dans le laboratoire du Professeur Emmanuel Mignot, spécialiste de la narcolepsie. Il y a notamment travaillé sur le rôle des vaccins anti H1N1 dans l’augmentation de l’apparition de la narcolepsie.
Il a également travaillé dans l’équipe du Professeur Karel Kostev, de l’Université de Magdebourg, responsable du département d’épidémiologie pour la société IMS Health. Sa maîtrise de l’outil statistique a été mise à profit pour des travaux ayant trait à l’épidémiologie du cancer du sein, obtenant une thèse dans le cadre de ses recherches.
Louis Jacob a déjà contribué à de très nombreux articles dans des publications scientifiques internationales.
Notre Académie n’est pas la première à récompenser Louis Jacob puisqu’il a déjà obtenu en 2016 un prix de l’Académie nationale de médecine. C’est ce parcours très prometteur que notre compagnie a voulu aujourd’hui distinguer.
PRIX JEAN-RENÉ CRUCHET
Xavier POMMERAU
Le goût du risque à l’adolescence.
Le comprendre et l’accompagner.
Editions Albin Michel.
Jean-René Cruchet était un médecin pathologiste et pédiatre. Titulaire de la chaire de pédiatrie de Bordeaux à partir de 1926, il s’était particulièrement intéressé à la médecine infantile, notamment par des travaux sur l’enfance délinquante et anormale, sur les arriérés scolaires et sur les maladies nerveuses chez les enfants. Elu à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux en 1931, il avait institué un prix destiné à récompenser les auteurs régionaux d’ouvrages de médecine.
Ce prix, qui n’avait pas été attribué depuis longtemps, récompense cette année le docteur Xavier Pommereau, pour son ouvrage Le goût du risque à l’adolescence, le comprendre et l’accompagner aux éditions Albin Michel.
Xavier Pommereau a mené toutes ses études de médecine à l’Université de Bordeaux, puis il débute sa carrière à l’hôpital Pellegrin comme psychiatre consultant en service de réanimation. Il se spécialise dans les problèmes de l’adolescence en difficultés. Chargé de mission auprès de la Direction générale de la santé en 1995-1998 sur l’hospitalisation des adolescents, il anime un groupe sur ce thème auprès de la Commission des Communautés Européennes, puis il ouvre la première unité hospitalière française spécifiquement dédiée aux jeunes suicidaires en 1992. Il crée également, en 2000, une unité spécialisée dans la prise en charge des jeunes souffrant de troubles des conduites alimentaires. Le docteur Xavier Pommereau est chef du pôle aquitain de l’adolescent, le Centre Jean Abadie, au CHU de Bordeaux depuis 2003.
Spécialiste reconnu au plan national comme international, des troubles graves du comportement chez les adolescents, il est l’auteur de nombreux rapports et études sur la santé des jeunes, ainsi que d’une douzaine d’ouvrages.
Le goût du risque à l’adolescence, publié en 2016 aux éditions Albin Michel, est le dernier de ceux-ci ; ce livre a reçu, comme les précédents, un très grand succès car il aborde un réel problème de notre société.
PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD
Magali PICARD pour sa thèse
Recherches sur le bouquet de vieillissement des vins rouges de Bordeaux
Etude sensorielle et moléculaire d’un concept olfactif complexe.
Institut des sciences de la vigne et du vin
Le baron Philippe de Rothschild a été membre de l’Académie de Bordeaux de 1973 à 1988. Il avait institué un prix destiné à couronner un ouvrage consacré à l’histoire ou à la célébration du vin.
Plutôt qu’un ouvrage, c’est une thèse qui a été choisie cette année pour ce prix du baron Philippe de Rothschild. La lauréate est madame Magali Picard pour ses recherches sur le bouquet de vieillissement des vins rouges de Bordeaux et l’étude sensorielle et moléculaire d’un concept olfactif complexe.
Ingénieur chimiste, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques de Toulouse, Magali Picard a complété son cursus par un doctorat puis un post doctorat en œnologie à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de l’Université de Bordeaux, au sein de l’équipe de recherches dirigée par le Professeur Gilles de Revel. C’est sa thèse qui est ainsi récompensée du prix Baron Philippe de Rothschild.
Au cours de leur vieillissement en bouteille, certains grands vins rouges de la région bordelaise s’enrichissent d’une palette d’arômes, d’une complexité et d’une élégance particulièrement recherchées, sans pour autant perdre leur caractère fruité initial. Dès 1980, le célèbre œnologue bordelais Emile Peynaud désignait par bouquet de vieillissement ce phénomène de maturation alliant complexité et fraîcheur, tout en soulignant que ce fondu olfactif qu’exhale le vin vieux dans le verre est un des phénomènes les plus impressionnants de l’œnologie, mais aussi l’un des plus mal connus.
Comprendre scientifiquement ce concept olfactif complexe supposait la mise en œuvre d’une stratégie de recherche scientifique pluridisciplinaire, basée sur des approches sensorielles et moléculaires complémentaires. Une définition du bouquet de vieillissement, consensuelle parmi les professionnels de la vigne et du vin, a tout d’abord été formalisée pour de grands vins rouges de Bordeaux âgés de 10 à 20 ans, autour de sept descripteurs aromatiques clés. Afin d’identifier les molécules responsables des principales notes de ce bouquet, le rôle d’une cinquantaine de composés volatils, sélectionnés sur la base de leurs nuances aromatiques, a été spécifiquement évalué. Il s’agissait de composés issus du raisin, de l’élevage en barrique et du vieillissement en bouteille. Enfin la complexité du bouquet de vieillissement ne pouvant se limiter à ces trois marqueurs chimiques, cette première approche moléculaire a été complétée par la mise en œuvre de reconstitutions aromatiques après fractionnement d’extraits de vins.
Ce très court résumé, forcément très réducteur, montre tout le travail de recherches mené par Magali Picard et toute la complexité de son objet, le bouquet de vieillissement des vins rouges de Bordeaux qui fait leur réputation mondiale.
Le prix a été remis par monsieur Philippe Sereys de Rothschild, président du Conseil de surveillance de la société Baron Philippe de Rothschild S.A.