PRIX 2020
En dépit des circonstances dues à la crise sanitaire qui ont fortement perturbé toutes ses activités, l’Académie a tenu à décerner ses prix comme chaque année. Vingt-deux prix ont été attribués pour 2020. Ils récompensent une personnalité, dix-sept ouvrages, une thèse, une équipe de deux scientifiques, une société et une association. Une douzaine de lauréats sont de Bordeaux ou de la Région Nouvelle-Aquitaine. Une douzaine de prix également traitent d’un sujet ou sont en lien avec Bordeaux et la Région. Les lauréats, ainsi que les éditeurs concernés, ont été avisés par lettre, avec un diplôme et la brochure de présentation de ces prix 2020.
Vous pouvez consulter cette brochure en cliquant sur le lien suivant : Brochure prix 2020 de l’Académie
LISTE DES PRIX 2020 DE L’ACADÉMIE
GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE. Anne-Marie Cocula. Historienne, professeur d’université.
PRIX D’HONNEUR. Dictionnaire François Mauriac. Sous la direction de Caroline Casseville et Jean Touzot. Editions Honoré Champion.
PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME BORDEAUX MÉTROPOLE. Histoire de Bordeaux. Sous la direction de Michel Figeac. Presses universitaires de Rennes.
PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE. A ma hinèstra. A ma fenêtre. Ouvrage de l’Association Los tradinaires. Editions de l’Estuaire.
PRIX DE PHYSIQUE. Philippe Caïs, chef de projet au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et Bruno Bousquet, physicien au Centre lasers intenses et applications, pour la conception et la réalisation de l’équipement SuperCam embarqué à bord du robot mobile Perseverance d’exploration de la planète Mars.
PRIX BRIVES-CAZES. La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale. Ouvrage collectif sous la direction d’Anne-Marie Cocula et Bernard Lachaise. Editions Fanlac.
PRIX FERNAND DAGUIN. Rapport du Comité scientifique régional interdisciplinaire Ecobiose sur le rôle de la biodiversité dans les socio-écosystèmes de Nouvelle Aquitaine. Ouvrage collectif sous la direction de Vincent Bretagnolle.
PRIX JEAN-RENÉ CRUCHET. Bernard Bégaud. La France malade du médicament. 110 milliards d’euros plus tard. Editions de l’Observatoire.
PRIX EDMOND BASTIDE. Jean-Michel Geneste et Boris Valentin. Si loin, si près. Pour en finir avec la Préhistoire. Editions Flammarion.
PRIX ANDRÉ VOVARD. Hervé Faure et Léonard Lièvre. Retrouver la Minerve. Editions Konfident.
PRIX CHASSIN DUFOURG. Thierry Nélias. L’humiliante défaite. 1870, la France à l’épreuve de la guerre. Librairie Vuibert.
PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD. Emmanuelle Pouydebat. Quand les animaux et les végétaux nous inspirent. Editions Odile Jacob.
.PRIX JACQUES PAUL. Félix Torres. René Ravaud. Une vie pour l’industrie. Un grand industriel de l’aéronautique française de la deuxième moitié du XXe siècle. First éditions.
PRIX LOUIS DESGRAVES. Sophie Brenac pour sa thèse : Vignoble et vin de Cahors de 1650 à 1850.
PRIX GUY LASSERRE. Olivier Grenouilleau. Fortunes de mer, sirènes coloniales. XVIIe – XXe siècles. Editions du CNRS.
PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD. François Jouison. Les Skawinski et la viticulture en Médoc. Editions Decoopman.
PRIX DU PATRIMOINE. Pierre Lucu. Guide des moulins du Grand Saint-Emilionnais. Editions de l’Entre-deux-Mers.
PRIX DES ARTS. L’âge d’or de la peinture danoise 1801-1864. Catalogue de l’exposition au Petit Palais.
PRIX DES BELLES-LETTRES. Emmanuel de Waresquiel. J’ai tant vu le soleil. Editions Gallimard.
PRIX DE MUSIQUE. Projet Démos Bordeaux Métropole Gironde. Des instruments pour une centaine d’enfants.
PRIX DE L’INNOVATION SCIENTIFIQUE. La société TreeFrog Therapeutics pour ses recherches sur les cellules souches et leur production.
PRIX SPÉCIAL. Marie Fauré. Le palais de l’Ombrière. Le château oublié de Bordeaux. Editions Memoring.
GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE
Anne-Marie Cocula
Historienne, professeur d’université
Originaire de Périgueux, historienne, madame Anne-Marie Cocula-Vaillières a enseigné l’histoire moderne de l’Europe occidentale à l’université de Bordeaux III, désormais Bordeaux Montaigne. Elle en a été la vice-présidente, puis la présidente de 1994 à 1999. De 2004 à 2015, elle a siégé au Conseil Régional d’Aquitaine en qualité de vice-présidente pour l’éducation, les universités et la culture. Depuis 2016, elle préside le Centre François Mauriac de Malagar. Elle est l’auteur de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la région. Une troisième édition de sa thèse sur Un fleuve et des hommes, gens de Dordogne, suivi de Vies d’antan au bord des rivières vient de paraître. Depuis plusieurs années, elle se consacre à l’histoire des guerres de religion et à l’étude de Montaigne et de La Boétie. Elle a publié récemment Montaigne aux champs, ainsi qu’un ouvrage sur La Boétie et le destin de la Servitude volontaire et une Histoire du Périgord depuis les Gaulois jusqu’à Lascaux IV. Le Grand prix de l’Académie distingue ainsi pour cette année 2020 une très grande historienne qui a toujours eu le souci et la volonté de mettre ses connaissances et son expertise au service de la région.
PRIX D’HONNEUR
Dictionnaire François Mauriac
Sous la direction de Caroline Casseville et Jean Touzot
Editions Honoré Champion
Loin d’être un écrivain du consensus, François Mauriac, académicien et prix Nobel, couronné pour son œuvre romanesque, loué pour la pureté et l’élégance de sa langue, échappe à toutes les catégories. Renouer avec l’œuvre et la pensée d’un auteur continuellement en mouvement, tel est le projet de cet ouvrage tout à fait exceptionnel, que l’Académie a souhaité distinguer en lui décernant – c’est la première fois – un Prix d’honneur. Ce Dictionnaire François Mauriac est composé de plus de sept cents entrées rédigées par une équipe internationale de soixante-douze spécialistes.
Caroline Casseville est maître de conférences en langue et littérature françaises à l’université Bordeaux Montaigne et présidente de la Société internationale des études mauriaciennes.
Jean Touzot est professeur émérite de littérature française à l’université Paris-Sorbonne. Ses travaux portent notamment sur François Mauriac et sur Jean Cocteau.
PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME BORDEAUX MÉTROPOLE
Histoire de Bordeaux
Sous la direction de Michel Figeac
Presses universitaires de Rennes (2019)
Ce prix, créé par le Syndicat d’initiative en 1957, récompense un ouvrage historique, littéraire ou artistique, ayant pour sujet principal Bordeaux et contribuant au développement touristique de la ville. Il est doté par l’Office du tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole.
Cette nouvelle Histoire de Bordeaux n’a rien de commun avec ses nombreuses devancières. Elle s’imposait parce qu’au rythme des fouilles archéologiques, des ouvertures d’archives, des thèses les plus récentes, la vision de Bordeaux s’est modifiée. De nouvelles modes historiographiques sont apparues, en même temps que des interrogations comme celles autour de la traite négrière, de l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale ou encore de l’affaire Papon. Cet ouvrage va à l’essentiel et il est abondamment illustré. Il met en valeur l’Ecole historique bordelaise et il fait honneur à la ville de Bordeaux.
Michel Figeac est professeur d’histoire moderne à l’université Bordeaux Montaigne et il est membre du Centre d’études des mondes moderne et contemporain qu’il a dirigé pendant 8 ans. Une dizaine d’historiens et de chercheurs ont contribué à cet ouvrage.
PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE
A ma hinèstra. A ma fenêtre
Ouvrage de l’Association Los tradinaires
Editions de l’Estuaire (Edition bilingue occitan-français – 2019)
Adélaïde-Edouard Le Lièvre, marquis de La Grange, membre de l’Institut et de l’Académie de 1856 à 1876, avait légué en 1871 une rente destinée à un prix annuel devant être décerné alternativement à l’auteur d’un livre ou mémoire sur la langue gasconne, ou sur la numismatique des provinces méridionales.
L’association Los tradinaires, qui depuis 40 ans œuvre pour la défense de la langue gasconne dans sa variante médoquine, a tenu à faire éditer tous les écrits, récits, anecdotes, poésies et chansons de Sœurette Allard, d’une famille de résiniers du Médoc, gérante d’un hôtel à Montalivet, établissement typique où se retrouvaient les chasseurs et les pêcheurs. Ce recueil présente des textes sur sa famille, sur l’histoire et la vie locale, des poèmes en occitan traduits en français et 36 poésies en français.
PRIX DE PHYSIQUE
Philippe Caïs, chef de projet au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux
Bruno Bousquet, physicien au Centre lasers intenses et applications
Dès la fondation de l’Académie, son premier protecteur, le duc de la Force, avait souhaité la création d’un prix de physique. Ce prix fut attribué en 1715 à Jean-Jacques Dortous de Mairan, mathématicien, physicien, musicien et philosophe. C’était la première fois qu’une société en Europe remettait une récompense dans le domaine des sciences.
Les chercheurs bordelais Philippe Caïs et Bruno Bousquet, et leurs équipes, ont participé au projet de la NASA Mars 2020, projet de déploiement sur la planète Mars d’un robot astromobile baptisé Perseverance pour l’exploration du sol, visant notamment à déceler d’éventuelles traces de vie. À bord de ce robot, l’instrument SuperCam a été conçu par une équipe de chercheurs bordelais du Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et du Centre lasers intenses et applications (CELIA). SuperCam comprend un appareil pour réaliser des photos et deux lasers destinés à faire exploser les roches et à analyser leur composition afin de déterminer la nature du sol et d’appréhender le passé géologique de la planète rouge. SuperCam dispose aussi d’un micro qui permettra d’écouter le vent et les tempêtes sur Mars. Le robot mobile Perseverance, qui pèse une tonne et mesure sept mètres de long lorsque son bras articulé est déployé, a été lancé en juillet 2020 depuis Cap Canaveral ; il arrivera sur Mars en février 2021.
Philippe Caïs, est ingénieur de recherche du CNRS au sein du Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB) qui a pour vocation de progresser dans la connaissance de l’univers, de diffuser ces connaissances et d’assurer la formation d’étudiants dans le domaine de l’astrophysique.
Bruno Bousquet, professeur de physique à l’université de Bordeaux, est rattaché au Centre lasers intenses et applications (CELIA). Ce centre est une unité de recherches dans des domaines qui se situent aux frontières de la physique et des applications de haute technologie : lasers, champs ultra-intenses, plasmas… Le CELIA participera à l’analyse des données consécutives aux tirs lasers du robot Perseverance et de son équipement SuperCam.
PRIX BRIVES-CAZES
La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale
Ouvrage collectif sous la direction d’Anne-Marie Cocula et Bernard Lachaise
Editions Fanlac (2020)
Joseph-Emile Brives-Cazes, conseiller à la Cour d’appel de Bordeaux et membre de l’Académie de 1869 à 1887, avait institué dans son testament en 1882 un prix pour récompenser un travail sur un sujet relatif à l’histoire de l’ancienne Aquitaine ou de Bordeaux.
Grâce au soutien du Conseil départemental, cet ouvrage collectif présente une histoire globale, comme il en existe peu pour les autres départements, de la Dordogne pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout est abordé : les combats, la Résistance, les événements politiques, le contexte économique, la collaboration, l’épuration…
Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Bordeaux Montaigne, Bernard Lachaise est spécialiste de l’histoire politique de la France contemporaine. Il a consacré l’essentiel de ses recherches à l’histoire du gaullisme et à l’histoire de l’Aquitaine. — Anne-Marie Cocula, professeur émérite d’histoire moderne à la même université, a dirigé la récente Histoire du Périgord.
Ont contribué à cet ouvrage : Michel Chaumet pour la Résistance, Sébastien Durand pour l’économie, Odile Girardin-Thiebeaud pour la partie militaire, Corinne Marache sur la vie rurale, Pascal Plas sur les monuments de la mémoire, Jacques Puyaubert sur la Ligne de démarcation, Bernard Reviriego sur l’antisémitisme, Patrice Rolli sur la brigade Nord-africaine et Jacky Tronel sur la partie justice et prison.
PRIX FERNAND DAGUIN
Rapport du Comité scientifique régional interdisciplinaire Ecobiose
sur Le rôle de la biodiversité dans les socio-écosystèmes de Nouvelle-Aquitaine
Sous la direction de Vincent Bretagnolle
Fernand-Eugène Daguin, professeur de géologie en Bretagne, puis à Pau, Montpellier, Bordeaux et Fort-de-France, a été membre de l’Académie de 1943 à 1948. Un lycée à Mérignac porte son nom. Le prix Fernand Daguin récompense un ouvrage consacré aux sciences et à l’environnement.
Sous la direction de Vincent Bretagnolle, directeur de recherches au Centre d’études biologiques de Chizé, le Comité scientifique régional interdisciplinaire Ecobiose regroupe plus de 110 spécialistes dans les disciplines de l’écologie, de l’économie, des sciences humaines et sociales, ou encore de la gestion des territoires. Ecobiose a pour mission d’évaluer quantitativement le rôle de la biodiversité dans l’économie de la Région. Ce rapport d’évaluation, remis en 2019, est basé sur la compilation, et la synthèse de 2 225 articles scientifiques dans les différents domaines, agricole, viticole, forestier, côtier, urbain. Ce rapport conclut que, loin d’être une contrainte, la biodiversité serait plutôt un atout pour l’économie et l’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine.
PRIX JEAN-RENÉ CRUCHET
Bernard Bégaud
La France malade du médicament. 110 milliards d’euros plus tard
Editions de l’Observatoire (2020)
Jean-René Cruchet, médecin pathologiste et pédiatre, était professeur de pathologie générale et de thérapeutique, puis titulaire, à partir de 1926, de la chaire de pédiatrie de Bordeaux. Il s’était attaché tout particulièrement à la médecine infantile, notamment par des travaux sur l’enfance délinquante et anormale, sur les arriérés scolaires et sur les maladies nerveuses chez les enfants. Elu à l’Académie en 1931, il a fondé un prix destiné à récompenser les auteurs d’ouvrages de médecine.
Bernard Bégaud a dirigé le Département de pharmacologie du CHU de Bordeaux et a présidé l’université de Bordeaux II. Il examine dans son ouvrage la tendance française à l’usage injustifié et non conforme de médicaments, ce qui entraîne un gaspillage financier et des effets indésirables parfois fatals. Une question de santé publique dans laquelle les torts sont à son avis partagés : lobbys pharmaceutiques, autorités sanitaires, prescripteurs, patients… Fort d’une expérience de plus de trente ans dans la pharmacovigilance, l’auteur nous ouvre les tiroirs d’un monde opaque. Il revient sur plusieurs scandales qui ont défrayé la chronique : Médiator, Depakine, surconsommation d’anxiolytiques et d’antibiotiques, dérives dans le traitement de l’obésité…
PRIX EDMOND BASTIDE
Jean-Michel Geneste et Boris Valentin
Si loin, si près. Pour en finir avec la Préhistoire
Editions Flammarion (2020)
Edmond Bastide (1876-1968) était passionné d’archéologie et de numismatique. Président de la Société archéologique de Bordeaux, il proposa à l’Académie de créer un prix récompensant l’auteur d’un ouvrage ou de travaux consacrés à la préhistoire et à l’archéologie.
Jean-Michel Geneste a été conservateur de la grotte de Lascaux et il a coordonné les recherches dans celle de Chauvet. Il parcourt également le monde, depuis la Dordogne jusqu’à la Colombie britannique, en passant par l’Australie, la Papouasie-Nouvelle Guinée et l’Altaï sur la trace des chasseurs-cueilleurs d’hier ou d’aujourd’hui, de leurs techniques et des arts rupestres dans leur splendeur et leur diversité. Il raconte ici ses recherches à Boris Valentin, professeur d’archéologie préhistorique, et tous les deux échangent sur leur passion pour l’histoire très ancienne de l’humanité.
PRIX ANDRÉ VOVARD
Hervé Fauve et Léonard Lièvre
Retrouver la Minerve
Editions Konfident (2020)
Historien maritime, auteur de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la Marine, André-Jacques Vovard a été président de la section historique de l’Académie de Marine et membre de l’Académie de Bordeaux. Le prix qui porte son nom récompense un ouvrage sur l’histoire de la Marine ou sur le port de Bordeaux.
27 janvier 1968 : le sous-marin Minerve disparaît au large de Toulon avec les 52 membres de son équipage. Les recherches restent vaines. 21 juillet 2019 : l’épave de la Minerve est retrouvée, gisant par 2 200 mètres de fond à 45 km au sud de Toulon, par un navire spécialisé dans les explorations sous-marines. Ce livre retrace ces 50 années. Coécrit par Hervé Fauve, le fils du commandant de la Minerve, et un journaliste, Léonard Lelièvre, il explique, d’une manière très pédagogique, les conditions de fonctionnement d’un sous-marin, examine les hypothèses des causes de la disparition de la Minerve et le combat mené par les familles, notamment par Hervé Fauve, pour reprendre les recherches et retrouver enfin l’épave. L’ouvrage est aussi un très bel hommage rendu aux familles des disparus qui, il faut bien le reconnaître, avaient été un peu oubliées après cette tragédie.
PRIX CHASSIN–DUFOURG
Thierry Nélias
L’humiliante défaite. 1870, la France à l’épreuve de la guerre
Editions de la librairie Vuibert (2020)
Le général de corps aérien Lionel Max Chassin a fait une brillante carrière dans l’armée de l’Air. Il a été membre de l’Académie de 1950 à 1955. Le colonel Robert Dufourg en a été pour sa part le secrétaire perpétuel de 1973 à 1987. Le prix qui porte leurs noms est un prix d’histoire militaire sur un sujet national, régional ou local.
En 1870, rien ne s’est passé comme prévu… Rapidement défaite, l’armée française ne put empêcher la reddition de l’empereur et l’invasion du territoire national, alors que le Second Empire laissait place à la République. Pendant ces quelques mois, George Sand s’inquiète, Paul Déroulède reçoit son baptême du feu, Hector Malot imagine son grand roman Sans famille, Victor Hugo chante la gloire d’un pays qui n’existera bientôt plus, tandis que Flaubert croit vivre la fin des temps et que le général américain Sheridan prend la mesure de la puissance allemande. Ce sont leurs voix, ainsi que celles de bien d’autres témoins, que nous fait entendre Thierry Nélias au fil de cette vaste fresque, précise et vivante. La guerre franco-prussienne de 1870 a été un tournant de l’histoire, elle a entraîné les protagonistes et toute l’Europe dans une soif de revanche sans fin. Écouter ceux qui l’ont vécue permet de comprendre pourquoi.
Historien, Thierry Nélias est l’auteur de plusieurs ouvrages : Des Français face à l’invasion ; L’adieu à l’Empire ; Histoire de la Nationale 7.
PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD
Emmanuelle Pouydebat
Quand les animaux et les végétaux nous inspirent
Editions Odile Jacob (2020)
Le prix du doyen Jean de Feytaud distingue l’auteur d’un ouvrage ou de recherches dans les domaines de la biologie ou de l’environnement. Jean de Feytaud était titulaire de la chaire de zoologie et de physiologie animale de l’université de Bordeaux et membre de l’Académie de Bordeaux de 1936 à 1973.
Un papillon bleu pour améliorer nos panneaux solaires ? Un martin-pêcheur pour optimiser le TGV japonais ? Des pommes de pin qui inspirent des architectes ? Du venin de mamba noir pour lutter contre la douleur ? Élucidera-t-on les secrets du Sida et du cancer grâce aux koalas et aux requins ? Vivra-t-on bientôt plus longtemps grâce aux méduses ? Le vivant s’adapte en permanence. Il propose des solutions infinies et extraordinaires. À nous de les découvrir pour sauver la nature et pour sauver les humains. La bio-inspiration doit être au cœur de la recherche scientifique, économique et écologique.
Emmanuelle Pouydebat est directrice de recherches au CNRS et au Muséum national d’histoire naturelle. Spécialiste de l’évolution des comportements, elle a reçu la médaille d’argent du CNRS et plusieurs autres prix scientifiques. Elle est l’auteur en 2017 de L’Intelligence animale. Cervelle d’oiseaux et mémoire d’éléphants, ouvrage qui a rencontré un très grand succès.
PRIX JACQUES PAUL
Félix Torres
René Ravaud. Une vie pour l’industrie. Un grand industriel de l’aéronautique française de la deuxième moitié du XXe siècle
First éditions (2020)
Ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, membre de l’Académie de 1972 à 1991, Jacques Paul était l’auteur d’ouvrages sur Gustave Eiffel et sur l’histoire des ingénieurs. Le prix portant son nom récompense un ouvrage consacré à l’histoire ou à l’avenir des technologies de l’aéronautique et de l’astronautique, de la défense ou de l’énergie.
Né en 1920, René Ravaud, polytechnicien, ancien élève de Sup Aéro, après une première partie de carrière en qualité d’ingénieur de l’armement, devient en 1971 pendant plus de dix ans le président-directeur général de la Société de construction de moteurs d’avions SNECMA. Il est à l’origine, avec son homologue américain de General Electric, de la création de la société franco-américaine CFM qui produit depuis près de 50 ans, en ne cessant de le moderniser, le moteur d’avion civil le plus vendu au monde, le CFM 56. L’ouvrage ne doit pas être vu uniquement sous son aspect biographique avec la présentation d’un capitaine d’industrie clairvoyant et visionnaire, mais également sous son aspect historique avec la reconstruction après 1945 et la modernisation de la France dans le domaine industriel, et sous son aspect stratégique avec la concrétisation d’un exemple de partenariat transatlantique exceptionnel.
Félix Torres, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d’histoire et docteur de troisième cycle en ethnologie, est historien et éditeur, spécialiste de l’histoire et de la mémoire d’entreprise.
PRIX LOUIS DESGRAVES
Sophie Brenac
pour sa thèse : Vignoble et vin de Cahors de 1650 à 1850
Louis Desgraves, bibliothécaire et historien, né en 1921, membre de l’Académie à partir de 1955, est à l’origine de ce prix destiné à un ouvrage consacré à l’histoire du livre, à l’histoire des Lumières ou à celle de Bordeaux.
En février, 2020 madame Sophie Brenac-Lafon a soutenu devant l’université Bordeaux Montaigne sa thèse de doctorat en histoire : Vignoble et vin de Cahors de 1650 à 1850. Il s’agit d’un travail nouveau, très scientifique, sur ce vignoble qui a joué un grand rôle pour Bordeaux à partir du XIIIe siècle : aménagement des nombreux barrages sur le Lot pour que les bateaux puissent descendre les vins de Cahors, à la fois vins de très bonne qualité, recherchés dans le nord de l’Europe, et vins médecins, comme le Gaillac, qui renforçaient les vins du Bordelais au degré d’alcool nettement plus faible. Madame Sophie Brenac décrit la progression de ce vignoble, d’abord centré sur Cahors et ses alentours, puis qui gagne la vallée du Lot et ses terrasses à partir du début du XVIIIe siècle. Vignoble bourgeois à Cahors, c’est aussi un vignoble populaire, dans lequel les propriétés nobiliaires ne tiennent pas une grande place et qui peut être défini comme un vignoble paysan en dehors de Cahors. Dans cette thèse de très grande qualité, l’étude sociale et celle de la propriété foncière sont très approfondies. Elle sera ainsi certainement très utile à bien d’autres travaux de recherches.
PRIX GUY LASSERRE
Olivier Grenouilleau
Fortunes de mer, sirènes coloniales. XVIIe – XXe siècles
Editions du CNRS (2019)
Guy Lasserre (1920-2001), géographe, fut professeur à l’université de Bordeaux et directeur du Centre d’études de géographie tropicale du CNRS. Son prix récompense l’auteur d’un ouvrage consacré à des récits de voyages ou à l’histoire de la France d’Outre-mer.
C’est vers 1660 que la France entre dans le commerce atlantique et colonial. Outre le négoce avec les Antilles au XVIIIe siècle, canne à sucre, indigo, café, et le développement de la traite négrière, le commerce colonial s’est poursuivi jusqu’au XIXe siècle sous diverses formes grâce au vaste empire colonial que la France s’était constitué. Les sirènes coloniales séduisaient de nombreux acteurs, mais les risques encourus dans des circuits commerciaux lointains étaient nombreux et les richesses accumulées aléatoires. Les fortunes de mer réservaient des surprises. La fabuleuse croissance du commerce colonial au XVIIIe siècle a-t-elle constitué l’un des piliers du développement économique national ou n’a-t-elle profité qu’à un petit nombre ? Quels rôles ont joué l’État, la noblesse et les milieux négociants ? Autant de questions auxquelles cet ouvrage s’efforce d’apporter des réponses. Grâce à la très longue période prise en compte, des années 1660 à 1914, voire 1940, et à des approches variées, il dresse un panorama complet du grand capitalisme maritime français.
Historien, professeur à l’université de Bretagne-Sud et à l’Institut des sciences politiques de Paris, Olivier Grenouilleau est spécialiste de l’histoire de l’esclavage. Il est membre du groupe Histoire et Géographie de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche.
PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD
François Jouison
Les Skawinski et la viticulture en Médoc
Editions Decoopman (2020)
Le baron Philippe de Rothschild a été membre de l’Académie de Bordeaux de 1973 à 1988. Il avait institué un prix destiné à couronner un ouvrage consacré à l’histoire ou à la célébration du vin. Ce prix est doté en nature par la Société Baron Philippe de Rothschild SA.
Né en Pologne, Pierre Skawinski n’a que 18 ans lorsqu’il s’engage en 1830 dans l’armée polonaise afin de lutter contre l’oppresseur russe, puis à la fin de l’insurrection il quitte son pays pour rejoindre la France. En 1838, il entre à l’Ecole d’agriculture de Grignon. En 1847, Jean-Pierre Pescatore, financier, botaniste, esthète et mécène, lui confie l’administration du château Giscours qu’il vient d’acquérir dans le Médoc. C’est le début d’une saga familiale qui se consacrera à la viticulture. Pierre Skawinski et ses trois fils, Théophile, Charles et Paul, régisseurs de prestigieuses propriétés viticoles médocaines, insufflent un vent nouveau d’innovations, de transformations et d’améliorations dans la culture de la vigne. Très documenté et illustré de nombreuses photographies, cet ouvrage retrace fidèlement l’épopée extraordinaire de cette famille qui a contribué au développement et au perfectionnement de la viticulture dans le Médoc au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe.
Commandant du baliseur Gascogne de la Pointe de Grave, François Jouison a pris sa retraite en décembre 2010. Issu d’une lignée de navigateurs qui débuta en 1869, bercé par les histoires de mer et de navires, il a écrit en 2012 la saga de son histoire familiale Une famille de l’estuaire. Des deux rives à l’océan. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur la marine en Gironde et sur le Médoc.
PRIX DU PATRIMOINE
Pierre Lucu
Guide des moulins du Grand Saint-Emilionnais
Editions de l’Entre-deux-Mers (2020)
Plus de 110 moulins à eau et à vent sont à découvrir dans le Grand Saint-Emilionnais, plus connu aujourd’hui par ses vins que par une quelconque culture céréalière. Et pourtant les meuniers et leurs moulins ont joué un rôle primordial pour l’alimentation des populations et des animaux depuis le XIIIe siècle, jusqu’au temps où les métairies céréalières sont devenues, en Saint-Emilionnais, au début du XXe siècle, de petits domaines viticoles. L’histoire de certains de ces moulins est quasiment millénaire. Moulins à eau, les premières machines de l’Occident, et moulins à vent, plus tardifs, ont fait travailler mais aussi rêver des générations d’hommes et de femmes. La plupart de ces moulins figurent même sur l’une des plus anciennes cartes de la Guyenne, celle de Belleyme, publiée à partir de 1785.
Pierre Lucu habite la cité médiévale de Saint-Emilion. Il a découvert au fil de ses promenades le petit patrimoine rural pour lequel il se passionne. Il souhaite raviver l’intérêt pour ce patrimoine, faire naître une prise de conscience de sa valeur. Après un ouvrage sur Les cabanes de vigne et de pêche de la juridiction de Saint-Emilion, ce livre sur les moulins y contribuera certainement.
PRIX DES ARTS
L’âge d’or de la peinture danoise 1801-1864
Catalogue de l’exposition au Petit Palais
Le musée du Petit-Palais poursuit son exploration de l’art scandinave avec une exposition remarquable consacrée à l’âge d’or de la peinture danoise de 1801 à 1864, exposition du 23 septembre 2020 au 3 janvier 2021 à Paris. Plus de 200 œuvres d’artistes de cette période, comme Christoffer Eckersberg, Christen Købke, Martinus Rørbye ou encore Constantin Hansen, offrent une plongée dans le Danemark du XIXe siècle qui connaît alors une période d’épanouissement culturel et artistique sans précédent. L’exposition met en lumière la place grandissante qu’occupent les artistes dans la société. Tout commence avec Christoffer Eckersberg, artiste à l’origine du remarquable renouveau artistique du Danemark. Professeur à l’Académie royale, il forme toute une nouvelle génération de peintres dont Christen Købke, Wilhelm Ferdinand Bendz, Albert Küchler, Constantin Hansen et Wilhelm Marstrand, qui deviendront les principaux acteurs de cet âge d’or.
Commissariat de l’exposition : Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice des peintures du XIXe siècle au Petit Palais, et Christophe Leribault, directeur du Petit Palais. L’exposition est organisée en collaboration avec le Statens Museum for Kunst de Copenhague et le National Museum de Stockholm.
PRIX DES BELLES-LETTRES
Emmanuel de Waresquiel
J’ai tant vu le soleil
Editions Gallimard (2020)
Emmanuel de Waresquiel, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, est un historien des idées et un acteur du monde de l’édition française. Docteur en histoire, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Section sciences historiques et philologiques), il est spécialiste de la France du XIXe siècle, de Talleyrand, et plus généralement de l’histoire du droit public et de l’administration. Il a été directeur littéraire et directeur de collections chez Perrin, Tallandier puis chez Larousse.
Emmanuel de Waresquiel s’attache ici à un auteur qu’il porte dans son cœur depuis trente ans, d’autant qu’il appartient à ses périodes historiques de prédilection, de la Révolution à la Restauration en passant par l’Empire : Henri Beyle, dit Stendhal. Ce personnage mystérieux, l’auteur l’illumine du soleil de sa campagne où il écrit ce livre au cours d’un été ; ce soleil si cher à Stendhal, l’amoureux de l’Italie. Il en résulte un portrait limpide et vif d’un homme insaisissable, contradictoire, parfois brutal et obsédé par l’idée de l’amour. Stendhal cultivait le secret : personne ne savait qu’il écrivait. Il fut un travailleur infatigable, administrateur de territoires conquis par Napoléon. A la Restauration, il s’exila en Italie, s’adonnant enfin à l’écriture pour livrer tardivement ses chefs d’œuvre : Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme.
PRIX DE MUSIQUE
Projet Démos Bordeaux Métropole Gironde
Des instruments pour une centaine d’enfants
Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) est un projet de démocratisation culturelle s’adressant à des enfants issus de quartiers relevant de la politique de la ville ou de zones rurales insuffisamment dotées en institutions culturelles. Depuis 2010, Démos s’attache à favoriser l’accès à la musique classique par la pratique instrumentale en orchestre. Le dispositif doit sa réussite notamment à un encadrement éducatif adapté, à la coopération entre acteurs de la culture et acteurs du champ social. Ce projet est né il y a dix ans en région parisienne. Il est porté par la Philharmonie de Paris au plan national. Il permet à des jeunes éloignés du monde culturel d’apprendre à jouer d’un instrument de musique. Ce programme se déroule sur des cycles de trois ans. Au plan local, Demos est piloté par l’Orchestre national de Bordeaux, avec l’appui du Conseil départemental. Grâce à la coopération des villes de Bordeaux, Floirac, Bouliac, Gradignan et des territoires du pays de Coutras et du Sud Gironde, il a bénéficié, dans la période 2016-2019, à 114 enfants, de 7 à 12 ans, éloignés des pratiques artistiques pour raisons sociales, éducatives ou géographiques. Après le Langonnais et le Pays de Coutras, le projet Démos concerne, pour la période 2019-2022, le Médoc et la Haute-Gironde.
PRIX DE L’INNOVATION SCIENTIFIQUE
La société TREEFROG THERAPEUTICS
L’Académie souhaite récompenser chaque année des chercheurs, un laboratoire ou une entreprise qui se sont distingués dans le domaine de l’innovation scientifique.
La société bordelaise TreeFrog Therapeutics est véritablement en pointe dans le domaine de la recherche sur la santé concernant les cellules souches et la réparation d’organes. Les fondateurs, Kevin Alessandri, physicien, et Maxime Feyeux, biologiste, tous deux normaliens, se sont rencontrés à l’université de Genève après leur thèse. En 2018 ils ont décidé de créer une entreprise autour de l’industrialisation des thérapies cellulaires dont l’objectif est de soigner les maladies en remplaçant les cellules malades ou disparues du patient par des cellules saines. Grâce aux cellules souches et à leur capacité à se multiplier et à se différencier, différents types de maladies pourraient être traités : maladies neurodégénératives, dont celle de Parkinson, insuffisances cardiaques, diabète… TreeFrog Therapeutics a développé C-Stem, une technologie d’encapsulation cellulaire à haut débit, permettant de cultiver et de différencier des cellules souches à grande échelle dans des bioréacteurs industriels. L’objectif est d’arriver à un rythme de production de 80 milliards de cellules par an, tout en divisant les coûts de production par dix. Avec 5 milliards de dollars investis l’an dernier, le secteur des thérapies cellulaires est un des plus prometteurs pour la santé. La société TreeFrog Therapeutics, dont les effectifs sont passés de 5 à 35 salariés depuis sa création, figure en très bonne place dans ce domaine et elle fait honneur à la recherche française.
PRIX SPÉCIAL
Marie Fauré
Le palais de l’Ombrière. Le château oublié de Bordeaux
Editions Memoring (2020)
Le palais de l’Ombrière est un lieu important de l’histoire bordelaise, que ce soit par sa longévité, par le rôle politique qu’il a rempli ou par ses liens étroits avec le développement de la ville au cours des siècles. Édifié à partir de la fin du XIe siècle à l’extérieur de l’enceinte antique, il est le précurseur de l’ouverture de la ville vers son fleuve. Il fut le siège de l’administration ducale jusqu’en 1453, puis du Parlement sous l’Ancien Régime. L’ouvrage de Marie Fauré reconstitue ce qu’a pu être le palais de l’Ombrière ; il établit la chronologie de ce lieu central du Bordeaux médiéval au travers de ses différentes phases de construction ainsi que de son utilisation au cours des siècles.
Bordelaise, Marie Fauré est historienne et archéologue, diplômée de l’université Michel de Montaigne. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La Guerre de Cent Ans ainsi que Henri IV Le roi de la tolérance et de l’édit de Nantes. Son article sur le palais de l’Ombrière dans la Revue archéologique de Bordeaux a fait référence.