L’Académie a eu la tristesse de perdre le 3 octobre 2023 son doyen Jacques Valade, membre de l’Académie depuis 1984.
Jacques Valade était doyen honoraire de la faculté des sciences de Bordeaux. Il avait été ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur. Ancien sénateur de la Gironde, il avait été vice-président du Sénat, ainsi que président du Conseil général de la Gironde puis de la région Aquitaine.
Il avait été reçu à l’Académie en 1984 au fauteuil n°5 succédant à Georges Dubourg, professeur de la faculté de médecine. Il était doyen de l’Académie depuis 2021.
Notice biographique de Jacques Valade (établie par Jean Petaux membre associé)
Famille
Jacques Valade, décédé le 3 octobre 2023 à Bordeaux, est né dans cette même ville le 4 mai 1930. Ses deux parents ont travaillé aux ateliers de la compagnie ferroviaire du « PO-Midi » devenue, en 1937, la SNCF. Son père, Louis, a commencé sa carrière en tant que tourneur-fraiseur pour la terminer comme ingénieur de production ; sa mère, Bordelaise elle aussi, y était secrétaire.
Jacques Valade a épousé le 1er mars 1954 une camarade étudiante à l’École nationale supérieure de Chimie, originaire de Bayonne, Tita Rimbert. Ensemble ils ont eu quatre filles : Caroline, Sophie, Anne-Valérie et Julie. Au décès de Jacques Valade, leur couple comptait 69 années et demies d’existence.
Études
Élève à l’école primaire du cours de la Somme puis au lycée Montaigne, il a obtenu son diplôme d’ingénieur chimiste (promotion 1953) et a soutenu sa thèse de docteur es-sciences physiques à la fin des années 50.
Carrière universitaire
D’abord assistant à la faculté des Sciences de l’université de Bordeaux (encore installée cours Pasteur à Bordeaux dans ce qui est devenu le Musée d’Aquitaine) en 1955 puis chef de travaux (1957), Jacques Valade a intégré la carrière d’enseignant-chercheur en occupant d’abord un poste de maitre de conférences (1960) puis de professeur des universités (1963). Après les événements de Mai 68, il est élu en septembre, dans le cadre des nouvelles dispositions de la « loi Edgar Faure » portant réforme de l’enseignement supérieur français, doyen de la Faculté des Sciences. Il est l’un des plus jeunes, en France, à occuper une telle fonction puisqu’il n’a pas 40 ans. Jacques Valade a aussi dirigé, pendant plus de dix années jusqu’en 1980, l’Institut du Pin, structure pilote de recherche en matière de sylviculture, inscrite dans l’environnement universitaire bordelais, dès le début des années 20.
Il a su tisser, depuis 1960, de nombreux liens avec des collègues chimistes dans le monde entier : Européens (Hollandais, Allemands, etc.), Américains et Soviétiques. À ce titre, il fait alors figure, en France, de pionnier. Jacques Valade a axé, très tôt, ses recherches sur le silicium avec ses très nombreux débouchés en recherche appliquée et dans le secteur industriel. Mais il a aussi conduit ses travaux sur le germanium, l’étain, la chimie des acides résiniques et des terpènes ainsi que la valorisation de la cellulose du pin.
En septembre 1970, Jacques Chaban-Delmas, député-maire de Bordeaux, premier ministre de Georges Pompidou, le sollicite pour être candidat suppléant, à ses côtés, dans le cadre d’une élection législative partielle organisée du fait du décès brutal du titulaire du fauteuil de député, Jacques Chabrat, suppléant de Chaban Delmas, siégeant au Parlement depuis la nomination du maire de Bordeaux à Matignon en juin 1969. Connu sous le nom de « La Bataille de Bordeaux », puisque le « ticket » Chaban-Valade se trouve confronté au radical-socialiste Jean-Jacques Servan-Schreiber, lors de cette « partielle », l’épisode marque l’entrée en politique de Jacques Valade qui n’a jamais été « encarté » dans une quelconque formation politique jusqu’alors.
Engagements, mandats électifs et fonctions officielles
Jacques Valade a toujours porté un vif intérêt aux questions scientifiques, industrielles et économiques sur l’agglomération de Bordeaux et en Aquitaine, participant, en tant qu’expert, tout au long des années 60, au Comité d’Expansion de Bordeaux et du Sud-Ouest, et réalisant des études sur quelques grands dossiers : l’avenir du port de Bordeaux et sa reconversion, la chimie et les raffineries, les matériaux composites, l’aérospatial de défense, etc. C’est tout naturellement que Jacques Chaban-Delmas, qui l’a découvert dans les rangs du Comité d’Expansion, institution qui était pour lui un véritable centre de réflexion, d’idéation, a fait appel à lui pour être son nouveau suppléant lors de la législative partielle de septembre 1970.
Jacques Valade a obtenu de nombreux mandats locaux et nationaux. Au plan local il est élu au conseil municipal de Bordeaux (1971-2008) et y siège en tant qu’ adjoint (1971-2001) dont premier-adjoint au maire de Bordeaux (1977-1992) ; vice-président délégué de la Communauté urbaine de Bordeaux (1995-2008) ; membre (1973-1989) dont président (1985-1988) du Conseil général de la Gironde ; membre (1971-2004) dont vice-président (1971-1988) et président (1992 – 1998) du Conseil régional d’Aquitaine.
Au plan national Jacques Valade a siégé à l’Assemblée nationale en qualité de suppléant de Jacques Chaban-Delmas, représentant la 2ème circonscription de la Gironde (septembre 1970 – mars 1973). Il a été élu sénateur de la Gironde (1980-1987 et 1989 et 2008) en siégeant dans les rangs du RPR puis de l’UMP. Au Sénat il a occupé les fonctions de vice-président (1995-2001) et de président de la Commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication (2001-2008). À ce titre il a joué un rôle important dans la création des chaines télévisées LCP-Public Sénat. Il a été ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la recherche et de l’enseignement supérieur, de janvier 1987 à mai 1988 au sein du premier gouvernement de cohabitation conduit par Jacques Chirac.
En 2008, mettant un terme à sa vie d’élu, il est nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy, ambassadeur itinérant pour la coopération décentralisée en Asie. Il va exercer cette mission, pendant près de dix années, mettant à profit les très nombreux voyages qu’il a pu effectuer dans toute sa longue carrière politique, pour aider au développement des relations internationales des collectivités territoriales françaises dans l’ensemble du continent asiatique.
Ouvrages
Outre ses nombreuses communications scientifiques en tant qu’enseignant-chercheur, Jacques Valade, dans le cadre de ses mandats nationaux, a dirigé et rédigé plusieurs rapports ou commissions d’enquête parlementaires.
Jacques Valade a publié en octobre 2022 un livre de mémoires sous forme d’entretiens avec la politologue bordelais, Jean Petaux membre associé de l’Académie nationale de Bordeaux. L’ouvrage, intitulé « Itinérances inattendues », a été édité aux éditions Le Bord de l’Eau.
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